Par Dominique BIDOU, président d'honneur de l'Alliance HQE-GBC France le 03 Juillet 2024
La phase de lancement du solaire photovoltaïque touche à sa fin, avec la chute des prix du kWh solaire, équivalent aujourd’hui aux prix du marché. C’est l’autoconsommation qui est devenue le moteur du développement de cette énergie, dont la croissance ne faiblit pas.
Le bâtiment de demain, pour accueillir des humains et produire de l’énergie
La révolution est en marche !
Le bâtiment, traditionnellement premier consommateur d’énergie, devient producteur. Non seulement il est économe, bien isolé, bien éclairé, avec des équipements très performants, mais en plus il est bardé de capteurs en tous genres. L’expression d’immeuble à énergie positive est née du constat que le bilan énergétique, entre la forte réduction de la consommation et la capacité à recueillir l’énergie du soleil, peut être positif. Il est possible aujourd’hui pour de construire un bâtiment producteur net d’électricité.
Ce nouveau paysage énergétique ne s’est pas construit spontanément. Il a fallu l’aider, notamment pour que les énergies renouvelables progressent rapidement sur leur « courbe d’apprentissage ». Les techniques innovantes sont chères au démarrage, mais au fur et à mesure qu’elles se développent, elles trouvent des solutions moins onéreuses, elles sont mieux maîtrisées par les professionnels, elles bénéficient d’économies d’échelle. La concurrence avec les techniques existantes, bien installées, ayant amorti depuis longtemps les investissements initiaux, s’oppose naturellement à l’expansion des nouvelles venues, qui seront toutefois celles de demain. Il faut donc les aider pour les faire émerger, croître et embellir jusqu’à leur maturité. En France comme dans d’autres pays, c’est le prix d’achat des énergies renouvelables qui a été l’instrument de cette aide. Des prix garantis, qui assurent une rentabilité à ces équipements. Le prix du kWh produit par votre capteur photovoltaïque vous est acheté plus cher par EDF que celui que vous lui achetez.
Cette politique a permis une baisse considérable des coûts de production, et ce n’est pas fini
Ils se rapprochent du coût des énergies conventionnelles, avec des variantes selon le lieu, les techniques employées, etc. Notons au passage que les subventions aux énergies renouvelables dans le monde sont bien inférieures à celles dont bénéficient les énergies fossiles, encore aujourd’hui.
La baisse du prix de revient de l’électricité photovoltaïque a rencontré une envie largement partagée, et renforcée par les hausses brutales des prix proposés par les fournisseurs habituels, de produire soi-même son électricité. La législation a accompagné le mouvement, et c’est aujourd’hui l’autoconsommation qui tire le développement du photovoltaïque. Une progression impressionnante, un doublement en 18 mois selon RTE. D’immenses surfaces qui restaient stériles, les toits des hangars agricoles, des parkings, des supermarchés et autres entrepôts, en plus de ceux des particuliers, se sont trouvés une nouvelle vocation, produire de l’électricité. Des kits solaires sont également en vente aujourd’hui dans les supermarchés et sur Internet. Tous producteurs !
L’accès à « l’énergie positive » ne signifie pas pour autant autonomie
Même si le bilan est positif globalement sur une année, l’équilibre production – consommation, incontournable en temps réel en ce qui concerne l’électricité, n’est pas assuré. Il y a des périodes excédentaires et d’autres déficitaires, et l’appartenance à un réseau reste bien utile, d’autant plus que l’hypothèse du bilan positif est loin d’être généralisée. Le plus souvent, l’autoconsommation ne représente qu’une partie de la consommation totale, et il faut bien compléter.
Au-delà de l’objectif d’autoconsommation, celui de mobiliser toutes les surfaces disponibles pour capter l’énergie solaire ne peut être oublié. Il ne s’agit pas uniquement de trouver l’équilibre entre production et consommation, mais d’exploiter au mieux la capacité d’un bâtiment à capter de l’énergie, solaire, éolienne, souterraine, etc.
Le bâtiment de demain se voit doté de deux fonctions, l’une traditionnelle d’accueillir des humains et des activités dans de bonnes conditions, et l’autre de produire de l’énergie.
Deux fonctions qui doivent s’harmoniser, de manière à se conforter mutuellement.
À propos de l'auteur
Dominique Bidou
Ingénieur et démographe de formation, Dominique Bidou a été directeur au ministère de l’Environnement et est Président d’Honneur de l’association HQE (désormais Alliance HQE – GBC). Il est consultant en Développement Durable, a écrit de nombreux ouvrages tels que « Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs », anime son blog...