Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
La loi française de 2005, sur l'énergie, comporte - dans ses annexes - un certain nombre de décisions importantes. Seront-elles toujours suivies d'effets appréciables, c'est ce qu'on peut se demander. Pour cela il faut d'abord examiner ce que sont ces intentions.
Quels en sont les principes ?
Le point que nous allons aborder concerne la mise en œuvre de ce que la loi appelle "la diversification des sources d'approvisionnement énergétique". Notez d'abord qu'il ne s'agit pas, ici, de protection contre le développement de l'effet de serre, et tirez-en toutes les conclusions que vous voudrez. En fait, il s'agit essentiellement de répondre à des objectifs très larges (section II.A.2) : optimisation du potentiel hydraulique, développement outre-mer de la géothermie haute énergie, soutien de la filière "biomasse" de production d'électricité, valorisation des résultats de la centrale solaire d'Odeillo, etc…
Tout ceci semble beaucoup plus orienté vers la production d'électricité que vers ce qui nous concerne directement ?
Effectivement, il est remarquable de constater que la production de chaleur n'est pas vraiment traitée, sauf le point sur lequel je reviendrai par la suite. Il est remarquable également de constater que la production locale d'électricité photovoltaïque est, volontairement ou non, passée sous silence.
Peut-on revenir sur la production de chaleur ?
Sans aucun doute, mais avec bien des ambiguïtés qui ne pourront
finalement se lever qu'au cours des années à venir. Sur le plan
pratique et immédiat nous noterons qu'en ce qui nous concerne la loi
vise essentiellement la diversification en matière de production directe
de chaleur. C'est ainsi que les aides financières de l'ADEME devront
désormais être orientées en priorité vers celles
qui sont productrices de chaleur. Ce qui est peut-être une manière
aimable de dire à l'ADEME de ne pas s'occuper de la production locale
d'électricité.
Quant aux actions de l'Etat proprement dites, le texte de la loi est suffisamment
sibyllin pour qu'il soit difficile de l'interpréter. D'autant que selon
l'un de mes correspondants, qui semble ne pas se tromper, les dispositions adoptées
ressemblent à des satisfecit donnés à certains lobbys plutôt
qu'à un programme rationnel. Il s'agit d'ailleurs d'un "fourre-tout"
qui ne nous éclaire pas beaucoup sur l'avenir, du genre "l'Etat
soutient le développement d'une filière industrielle fra,nçaise
dans le domaine de la production de chaleur renouvelable, notamment par une
fiscalité adaptée...".
Quant aux intentions de bonne volonté elles sont nombreuses pour ce qui
nous concerne, sans que nous en puissions juger immédiatement les conséquences.
Exemple : "l'Etat veille à établir les conditions d'une concurrence
équitable entre les différentes énergies utilisées
pour produire de la chaleur, en tenant compte des impacts sur l'environnement
…"
Dans ces conditions peut-on avoir une idée assez nette des actions en cours ou futures ?
Je pense qu'en la matière le plus simple est de se retourner vers les
actions déjà engagées ou à engager par l'ADEME.
Avec deux grands secteurs à mon avis : le bois (et la biomasse) et le
solaire. Chacun de ces thèmes mérite un examen particulier. Le
cadre est, en principe, le suivant :
- augmenter de 50 % d'ici 2010, la part de la chaleur produite par énergie
renouvelable, ce qui va probablement se réaliser (car modeste),
- incorporer de plus en plus du biocarburant dans les carburants, ce qui ne
concerne que les transports.
Que signifie "augmenter le rôle de la biomasse", ou "augmenter
le rôle du solaire thermique", telles sont les véritables
questions que nous devrions nous poser.
Que fait-on, ou que va t-on faire en matière de promotion des uns et des autres ?
Le plus simple est, à mon avis, de voir objectivement ce qu'ont donné les actions récentes, qui ne sont pas du tout négligeables. Pour plus de détails vous pouvez vous reporter aux interviews plus ou moins récentes de l'ADEME au travers des paroles de sa présidente Michèle PAPPALARDO et de sa directrice déléguée (Energie, Air, Bruit) Virginie SCHWARZ. Vous y trouverez des informations objectives sur l'action "bois" et sur l'action "solaire".
Peut-on en savoir plus ?
Sans doute, mais alors en reprenant chacun des thèmes sous-jacents à ces présentations : la biomasse (en fait le bois) et le solaire (en fait le thermique solaire actif). Chacun de ces thèmes (la biomasse et le solaire) exige un examen très général, essentiel dans la cadre de notre politique énergétique) : c'est la raison pour laquelle je vous propose d'y revenir plus en détail ultérieurement. Car le plus grand défi, européen comme français, est bien la part que devront jouer d'ici 20 ans ou plus les énergies dites renouvelables. Mais, auparavant, il faut que nous revenions d'abord sur la directive européenne et la loi "POPE".
Roger CADIERGUES