Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
4 Mai 2009
Le 31 Mars dernier j'ai essayé de faire un peu le point sur les intentions et textes officiels français, mais je me suis parallèlement posé la question de savoir ce que devenait le sujet dans les autres pays européens. Peut-être y a-t-il là, au-delà du Grenelle de l'Environnement, matière à inspiration.
Quelles sont vos conclusions ?
Le Grenelle de l'Environnement, en ouvrant la porte à toutes les parties
intéressées au développement durable, est certainement
une très bonne initiative. Il n'empêche que la manière dont
les contributeurs participent à cette action collective me laisse quelques
inquiétudes. Indépendamment du fait que certains participants
seront probablement déçus par les décisions finales, il
me paraît y avoir un autre risque, plus grave, celui de vivre dans une
bulle franco-française alors que l'Europe semble parfois vivre autrement.
D'où d'assez grandes disparités.
1. D'abord parce que les techniques utilisées dans nos différents
pays européens sont très hétérogènes, ce
qu'on constate facilement avec la diversité des marchés de composants
essentiels, les chaudières à condensation, les pompes à
chaleur ou les panneaux solaires par exemple.
2. Ensuite en constatant que chaque pays est plus ou moins en train de construire
sa propre politique énergétique, toutes ces politiques étant
de plus en plus divergentes.
3. Enfin parce qu'un interlocuteur supplémentaire semble devoir intervenir
: les Communautés Européennes elles-mêmes.
N'exagérez-vous pas un peu ?
Je crains bien que non. Prenez d'abord l'exemple des marchés.
- Même si cela risque de ne pas durer le marché britannique des
chaudières à condensation est très nettement supérieur
à celui de tous les autres pays européens.
- Le marché français des pompes à chaleur est nettement
supérieur à celui des autres pays européens.
- En France, en 2007, nous avons installé près de 300 000 mètres
carrés de capteurs solaires, l'Allemagne en a installé plus de
1,3 millions et la Grande Bretagne moins de 70 000.
Mais ce ne sont là qu'un des aspects, celui des marchés. Qui peut
d'ailleurs fortement évoluer dans le temps. Le reste est plus significatif.
Quoi encore ?
Prenez les politiques nationales. La Grande Bretagne, par exemple, a décidé qu'en 2016 tous les nouveaux bâtiments résidentiels devraient être " zéro carbone ". Et tous les autres bâtiments dès 2019. Ne me demandez pas ce que cela signifie exactement, car je n'ai pas l'impression que la définition de " zéro carbone" soit définitive. Il n'empêche que c'est bien là l'exemple d'un choix très étroitement national, malgré sa valeur universelle.
Vous parliez d'une troisième cause d'incertitudes ?
Il s'agit des mesures qui se décident à Bruxelles, au niveau même de la Communauté. Par exemple qu'à partir du 1er Janvier 2013, les chaudières devraient avoir un rendement d'au moins 96% : donc finalement des chaudières à condensation alors probablement les seules à pouvoir donner satisfaction. Cela rappelle les mesures d'exclusion visant les lampes à incandescence (leur " interdiction " proche) : c'est logique, mais c'est nouveau. Et trace peut-être la voie à d'autres spécifications concernant nos produits plus ou moins courants.
Il n'y avait pas, jusqu'ici d'étiquetage énergétique obligatoire pour les chaudières ?
Cela résultait de décisions générales, relativement anciennes. Il est, maintenant, question de dépasser cette décision, en particulier pour les chaudières. Mais ce qui est plus grave, pour les chaudières elles-mêmes, c'est une exigence complémentaire qui sera sans doute difficile à satisfaire.
De quoi s'agit-t-il ?
L'obligation, pour les chaudières, inclurait une autre contrainte : celle de limiter l'émission d'oxydes d'azote (des gaz à effet de serre un peu oubliés jusqu'ici) à 35 mg/kWh … alors que le dégagement actuel se situe aux environs de 200 mg/kWh pour les petites chaudières au fioul. Aux constructeurs de chaudières de répondre … s'ils le peuvent. Les oxydes d'azote sont des gaz à effet de serre - de rôle non négligeable même s'il n'est pas majeur - ceci soulignant bien notre évolutivité profonde sur l'énergie. Et sur le retard de nos textes, qui ne tiennent pas compte des NOx.
Roger CADIERGUES