Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
28 Septembre 2009
Depuis que je vous ai proposé d'utiliser le bilan carbone et, éventuellement, l'empreinte écologique, j'ai reçu un certain nombre de demandes de précisions. Voici donc ce que je puis indiquer sur ces deux points. La France, comme beaucoup d'autres pays développés, ainsi que les organisations internationales, tentent depuis une vingtaine d'années de compléter les indices économiques actuels (le PIB en particulier) par des indicateurs du développement durable : ces indicateurs sont surtout le bilan carbone et l'empreinte écologique.
Ces indicateurs sont-ils vraiment importants pour nos professions ?
C'est encore difficile à dire, mais ce devrait bien être le cas. Le bilan carbone est, en tous cas, fondamental.
ourquoi cela peut-il devenir très important pour nos professions ?
Prenons un exemple : le 20 Janvier de cette année le Premier Ministre a demandé au Conseil économique, social et environnemental (COSE) de l'aider à choisir des indicateurs du développement durable, en particulier ceux dits de l'empreinte écologique. Il en est résulté, adopté le 27 Mai 2009, un rapport du Conseil précité. Ce rapport, soulignant que le produit intérieur brut (le PIB) est une base tout à fait insuffisante, débouche sur sept recommandations :
- intensifier la production de données dans les domaines sociaux et environnementaux
- associer étroitement les citoyens et la société civile au choix des indicateurs (en fait impliquer le COSE)
- privilégier une logique de tableau de bord (s'inspirer de l'exemple britannique)
- intensifier les coopérations internationales
- retenir plutôt des indicateurs non agrégés et emblématiques que synthétiques (en clair " ne pas copier le PIB ")
- améliorer la méthodologie de l'empreinte écologique
- donner dans l'immédiat la priorité au bilan carbone.
Soyons clair : il s'agit uniquement, dans cette proposition, de mettre en place des outils statistiques permettant de juger a posteriori des efforts consentis en matière de développement durable. Alors que, dans notre cas, il s'agit de sélectionner des actions concrètes. Mon opinion est que les deux objectifs peuvent être basés sur ces mêmes indicateurs. Remarquons, en passant, que le PIB n'a servi à rien pour gérer l'économie, et en particulier éviter les crises. La solution proposée par le Conseil économique risque de ne servir à rien, non plus, pour animer vraiment le développement durable. Mais notre proposition est différente : faire de ces indicateurs des outils de décision, et non par de purs indices statistiques, leur intérêt tenant à ce qu'ils permettent de quantifier le développement durable.
Quel est l'intérêt véritable de cette quantification ?
D'abord à ce que c'est le thème central de beaucoup de réunions internationales qui ne devraient pas tarder à déboucher sur des dispositions législatives et réglementaires, le développement durable étant spécifiquement inscrit dans le traité de l'Union européenne, est élevé en France au rang de principe constitutionnel. Devant les difficultés de traduction en termes précis des comparaisons internationales la majorité des pays développés et des organisations diverses ont tenté de traduire les objectifs en termes quantitatifs, en utilisant pour cela les procédures mises au point par différents auteurs. En particulier en faisant appel au concept d'empreinte écologique (ecological footprint) qui bénéficie d'un très large support international, mais dont la définition est loin d'être simple, les unités adoptées étant souvent critiquées. Il n'est pas question, ici, d'entrer dans le détail, mais je reviendrai ultérieurement sur certains aspects, car ces techniques de quantification du développement durable doivent nous concerner sur tous les plans. C'est ainsi, par exemple, qu'une proposition de loi tendant à réduire l'empreinte écologique de la France a été déposée à l'Assemblée nationale le 6 Janvier dernier, l'objectif final étant de diviser par deux notre empreinte écologique d'ici 2025. Il s'agit donc de concepts tendant véritablement à dépasser nettement le simple niveau statistique, plus ou moins académique. Néanmoins les difficultés du sujet, et d'accord sur les définitions d'indicateurs du développement durable, risquent de durer plusieurs années : nous essaierons d'en éviter la répercussion directe sur nos démarches.
uelles peuvent être, néanmoins, les répercussions utiles de ces discussions ?
L'un des volets principaux des discussions porte sur la diffusion auprès du public, sous forme de slogans simples, de l'application de ces concepts. Vendre des produits permettant à notre planète de mieux résister aux contraintes du monde actuel pourrait bien, tôt ou tard, attirer la publicité pour les produits et fonctions de nos métiers. Peut-être plus tôt qu'on ne pense étant donné le succès actuel des slogans écologiques. De plus certaines méthodes nous intéressent directement, le bilan carbone par exemple, que j'ai soutenu comme base d'optimisation dans les lettres précédentes. Nous en verrons, la semaine prochaine, des exemples.
Roger CADIERGUES