Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
16 Novembre 2009
Comme je l'ai indiqué la semaine dernière j'ai finalement refusé de répondre favorablement à l'un des périodiques de notre secteur, qui demandait à m'interroger sur la politique énergétique actuelle. Je me suis, toutefois, promis de revenir sur le sujet au cours de cette lettre du Lundi, en insistant sur le passage à l'électricité.
Voulez-vous dire que tous les chauffages seront rapidement électriques ?
La semaine dernière j'ai abondamment parlé du développement - que je considère inéluctable - de l'électricité. Je sais que certains lecteurs seront choqués, et désapprouveront : je ferai simplement remarquer que je ne parle pas ici de souhaits mais de prévision. Ceci dit, n'allez pas trop vite, car ces changements d'énergie sont progressifs, atteignant les installations les unes après les autres. De plus il me parait essentiel, ici et en chauffage surtout, de bien distinguer : le neuf (encore non équipé, avec des bâtiments qui seront très isolés) et l'existant (déjà équipé, et plus ou moins mal isolé). Voyons d'abord le neuf. Et la réalité actuelle dans ce secteur.
Quelle est donc, selon vous, cette réalité ?
Personne ne semble avoir le courage de le dire : sauf cas relativement exceptionnel les immeubles nouveaux sont chauffés à l'électricité. Je dirai même que la solution naturelle est le recours au chauffage électrique direct, les convecteurs électriques étant des appareils dont le coût modéré compense un peu le surcoût lié à la nouvelle isolation. C'est d'autant plus justifié que, dans ce cas, le chauffage devient un processus de pointe, exigeant une très grande flexibilité, laquelle ne peut être facilement assurée que par des convecteurs électriques simples. Malgré les controverses je suis convaincu que cette réalité s'imposera de plus en plus, et que les utopies actuelles seront largement dépassées (je rappelle qu'il s'agit de prévision, et non pas d'un souhait).
Ce que vous dites sur le passage à l'électricité n'est sans doute pas valable pour l'existant ?
Oui et non. Examinons par exemple les conseils les plus courants, plus ou moins renforcés par les aides financières, fiscales en particulier : la plupart ont le malheureux inconvénient de penser qu'on doit tout réformer en un seul temps, alors qu'il serait souvent plus raisonnable d'opérer en plusieurs temps, en deux ou trois ans par exemple. Dans ce cas l'électricité devrait, également, largement trouver sa place. C'est un point si important que j'y reviendrai un jour proche. Ceci dit - neuf ou existant - il ne suffit pas de subir les évolutions, on pourrait également - au moins en grande partie - les contrôler.
Que voulez-vous dire par là ?
Il est possible, et même largement souhaitable, que le développement de l'électricité ne sonne pas la fin de nos efforts en matière de maîtrise de l'énergie et de développement durable. C'est, du moins, une situation pour laquelle il est encore possible d'agir sur les modes de production (électrique). C'est d'ailleurs là l'une de mes critiques essentielles du plan énergétique national apparent, un plan qui n'est pas vraiment optimisé. Actuellement, en France la production de CO2 au niveau de la production électrique est plutôt favorable, mais il faut avoir conscience que - tels que nous sommes partis - ce bilan risque de se détériorer. Il est, d'ailleurs, déjà prévu que nous importerions du courant pour les pointes, donc pour le chauffage. En résumé deux conséquences essentielles vont apparaître :
- un développement quasi inévitable de l'usage de l'électricité
- un manque (pour le moment j'espère) de politique nationale solide sur la production de cette énergie.
Sur ce deuxième point, il suffirait d'ailleurs, simplement, de copier la politique britannique : j'aurai l'occasion d'y revenir. Reste, néanmoins, une utilisation de l'électricité qu'on semble avoir largement oublié.
. De quelle utilisation voulez-vous parler ?
De la climatisation, qu'il est de bon ton de vouloir supprimer, alors que nous y venons progressivement. Et que rien ne semble devoir arrêter ce mouvement, en France du moins et dans la majorité des régions. Il a déjà fallu revoir les positions pour les personnes âgées, il faut - maintenant - les revoir pour l'ensemble de la population. Non seulement parce que l'âge moyen de la population augmentera, mais aussi par suite du réchauffement climatique, un réchauffement dû en fait à deux facteurs qu'on semble souvent oublier :
- le réchauffement climatique lié au développement de l'effet de serre
- le réchauffement climatique lié à l'augmentation des concentrations urbaines.
Ce sont des phénomènes qui ont déjà provoqué en France métropolitaine, depuis vingt à trente ans, une augmentation des températures moyennes d'un peu plus de 2 degrés (2 K pour parler correctement), et il faut s'attendre à au moins le même effet - en supplément - dans les années à venir.
Roger CADIERGUES