Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Les ingénieurs et techniciens du génie climatique ont l'habitude
de concevoir leurs installations de façon à ce que la température
intérieure soit située sur le "plateau" intitulé
"régulation cardiaque" du schéma précédent.
Ce qui nous intéresse ici c'est de savoir où se situent les risques
lorsqu'on se trouve plus ou moins éloigné de cette "zone de
confort".
A l'extrémité gauche du schéma (se référer
à la lettre N°62), figure la zone d'hypothermie, généralement
progressive, dont nous venons de parler. Dans cette zone la circulation sanguine
est très ralentie.
A l'autre extrémité, aux fortes chaleurs,
la situation est toute différente : la circulation sanguine interne s'accélère
très fortement, le cœur est soumis à une demande extrême,
et l'accident cardiaque brutal peut survenir.
Ce qu'on doit se demander c'est
s'il existe une limite à partir de laquelle on peut agir comme avec les
grands froids : il est manifeste que non. Quels sont donc les risques, cette fois-ci
brutaux et difficilement prévisibles. A partir de quel niveau peuvent-ils
apparaître, telle est la vraie question. Il existe, tant bien que mal, une
réponse.
Quelle est donc cette réponse ?
Cette réponse est ancienne, pour une raison très simple : le relatif abandon de ce thème de recherche, depuis 1970 environ, l'état des connaissances en la matière étant, depuis cette date, jugé généralement suffisant. Que l'origine des surchauffes soit "naturelle" (les fameuses canicules), ou artificielle (les industries chaudes). La réponse "expérimentale" la plus valable date de 1942 : lors du débarquement américain en Afrique du Nord, un certain nombre de décès (d'abord inexpliqués) sont survenus chez de jeunes recrues, avant tout combat. Je ne vais pas, ici, en faire le commentaire, car il faudrait faire intervenir l'humidité dans les quelques neuf cas mortels concernés. Je me limiterai aux humidités (spécifiques) relativement limitées qui concernent les canicules nous concernant en France. Les températures auxquelles sont survenus les trois décès correspondant à des climats voisins de ceux auxquels je me limite sont les suivants : 39,5 [°C], 40 [°C], et 42 [°C]. Je pense qu'il y a là une indication très précise de la zone à partir de laquelle apparaît un sérieux risque, disons vers 40 °C pour simplifier. Mais il faut bien faire attention à ce qu'il s'agit de sujets non acclimatés.
Qu'appelez-vous acclimatation ?
C'est une notion bien définie en thermique physiologique (dite "adaptation"). Lorsque vous restez cantonné en France métropolitaine c'est une notion qui n'intéresse guère que quelques industries chaudes très particulières. Par contre, si vous parcourez plus ou moins le monde c'est un aspect fondamental de notre comportement thermique. L'adaptation est un phénomène physiologique extrêmement important dans la résistance aux grandes chaleurs. Cette adaptation est progressive, ainsi que l'indique le schéma suivant, montrant comment nous réagissons quand nous sommes soumis quotidiennement à une ambiance chaude, tous les paramètres physiologiques évoluant progressivement vers un équilibre différent, mais au bout d'un temps assez long. Ce qui fait bien comprendre que le risque est beaucoup plus grand pour les sujets non acclimatés.
Je m'arrêterai là sur ce sujet, et dans ma prochaine lettre, j'aborderai les aspects climatologiques liés aux grandes chaleurs, en me concentrant surtout sur la France métropolitaine.
Roger CADIERGUES