Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
28 Février 2011
De quelles remises en cause voulez-vous parler ?
De remises en cause plus ou moins basées sur une mauvaise utilisation des énergies dites renouvelables, des remises en cause qui semblent s’accumuler. Parmi les plus gênantes je noterai celle qui touche le Grenelle de l’Environnement : alors que ce Grenelle recueille beaucoup d’enthousiasmes, il se heurte aujourd’hui à une remise en cause économique venant du ministère de l’économie lui-même. De quoi modérer les enthousiasmes habituels.
Cette remise en cause est-elle vraiment fondamentale ?
Selon cette étude ministérielle le Grenelle de l’Environnement aurait des répercussions positives sur les investissements jusque vers 2020 (avec un gain de PIB allant jusqu’à 2%), mais avec des effets négatifs (-0,5 %) jusque vers 2050. Bien entendu cette étude a soulevé de sérieuses critiques, d’ailleurs à mon avis aussi peu concluantes que l’étude elle-même. En fait, pour le signataire de cette lettre, ni l’étude ministérielle ni les réponses critiques ne sont satisfaisantes. Le Grenelle de l’Environnement c’est surtout une collection respectable de propositions très différentes, mais possédant toutes un même défaut : l’absence d’une analyse économique et pratique préalable avant que les suggestions ne deviennent des décisions. Or sur ce point – essentiel à mon avis –le défaut est d’abord de tout mélanger : les propositions sont souvent beaucoup trop globales, et parfois sans réelle valeur pratique significative les problèmes étant très différents selon les secteurs. On ne peut – par exemple - mélanger l’amélioration de l’habitat avec toutes les autres initiatives écologiques, elles-mêmes d’ailleurs très disparates.
Quelles sont donc vos conclusions ?
Elles sont doubles, face à des enthousiasmes peut-être respectables mais enfantins, agglomérant même parfois des intérêts de groupes privés qui ont su prévaloir, sans qu’un examen critique sérieux – économique en particulier - n’ait pu être mené à bien. Tôt ou tard c’est une erreur que la France paiera très cher. En attendant les marches arrière vont se multiplier.
Que voulez-vous dire par là ?
J’avais, il y a bien des mois, souligné le caractère aberrant du tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque. Et surtout souligné que la marche arrière serait un jour inévitable. Nous y sommes déjà avec un moratoire de trois mois sur les tarifs, qui fait hurler les industriels du photovoltaïque, plus de 350 mégawatts étant – selon les professionnels - en cours de réalisation. L’exemple le plus gênant est que la décision (je crains que ce ne soit pas la seule raison) provoque la fermeture du projet en cours d’usine girondine de fabrication de panneaux photovoltaïques de First Solar. Et que ce n’est pas la seule entreprise touchée. C’est une situation désolante, mais nous devrions au moins en tirer la morale, et ne pas continuer à prendre des décisions aussi légères que la fixation d’un tarif aberrant de rachat d’électricité photovoltaïque. En fait, certes à des degrés moins criants, des décisions analogues sont prises dans d’autres domaines. Or, à chaque fois cela se traduira tôt ou tard par des destructions d’emplois jusque là fortement encouragés.
N’est-ce pas un cas exceptionnel ?
Absolument pas – nous en verrons des exemples. Je suis convaincu, par exemple, que l’on surestime souvent les performances du solaire thermique. Et même, parfois et en réalité, qu’on y atteint des rendements inférieurs de 40% ou plus à ce qui est prévu par les méthodes « optimistes » qui sont souvent à la mode. Il y a de nombreux exemples de ce défaut dans les installations solaires dont les caractéristiques ne sont pas optimisées – ce qui est le cas des dispositions prônées par la réglementation RT. Avec deux faiblesses graves :
. le refus de procéder à des contrôles expérimentaux, en particulier dans les bâtiments très isolés où le chauffage solaire est généralement injustifiable,
. l’ignorance quasi-scandaleuse des travaux de nos prédécesseurs (qui, eux, n’étaient pas intoxiqués par un Grenelle quelconque).
Ce n’est pas faute d’avoir jadis tenté d’utiliser le solaire (et ce depuis bientôt deux siècles) qu’on y parvient facilement : c’était – et c’est toujours un problème de rentabilité.
Même les techniques probablement les plus défendables – je veux parler de l’éolien par exemple - subissent plus ou moins les mêmes difficultés économiques que le solaire, j’y reviendrai la semaine prochaine.
Roger CADIERGUES