Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
30 Mai 2011
La presse, qu’elle soit papier ou télévision, a été envahie d’interventions sur la récente catastrophe nucléaire survenue à Fukushima au Japon. J’ai abordé ce thème la semaine dernière, et je vous ai promis de revenir sur la méthode que je propose pour analyser les risques. Comme je l’ai indiqué je distingue quatre niveaux, de gravité croissante : il nous reste à examiner les deux derniers ...
Vous parliez d’un « troisième niveau » de risque ?
Voici ce dont il s’agit, laissant pour le moment de côté les enceintes contenant les combustibles nucléaires eux-mêmes (j’y reviendrai plus loin). A ce troisième niveau se situe le stockage (en principe temporaire) des « déchets radioactifs ». Au regard des informations qui ont pu nous être transmises, je crains bien que ce fut le point faible de Fukushima. Il est manifestement urgent de mieux gérer les « déchets ». Ce n’est pas facile, mais c’est essentiel. A mon avis et en fonction des études que j’ai poursuivies pour le chauffage urbain nucléaire, les laisser en centrale sans précaution particulière est coupable. Reste, maintenant, le risque le plus grave : le quatrième.
De quoi s’agit-il ?
Du risque le plus important, et souvent bien traité (nous en verrons une exception plus loin). C’est celui qui est lié à l’utilisation des combustibles nucléaires. Dans toute réalisation actuelle ce mélange de produits hautement radioactifs, mais producteur de l’énergie utile, est placé dans des enceintes de confinement, très bien isolées et surtout conçues pour résister à des efforts mécaniques très élevés. En cas de sinistre le premier contrôle à faire serait de vérifier l’état des enceintes. Mon impression est qu’on a été un peu long à le faire à Fukushima, mais qu’elles ont bien tenu. D’ailleurs s’il n’en était pas ainsi, la catastrophe eut été beaucoup plus dramatique. Sur ce point, je suis profondément choqué par l’assimilation faite par la presse de l’accident de Fukushima avec celui de Tchernobyl.
Que voulez-vous dire par là ?
Pour des raisons politiques (c’est le président actuel de Russie qui le dit) les responsables de la réalisation de la centrale de Tchernobyl ont abusivement accéléré la réalisation, et confié la gestion à du personnel insuffisamment formé. C’est tout simplement (hélas) l’éclatement d’une enceinte de confinement qui a créé le drame. Quand je vois, à propos de Fukushima, un article de presse titré « Quelles leçons tirer de Tchernobyl » j’avoue que je suis choqué. Il n’y a pas 50 leçons à tirer de Tchernobyl, il y en a une seule applicable à proprement parler à Fukushima : le nucléaire ne tolère qu’une conception et une gestion sérieuses et de qualité.
N’y a-t-il pas insuffisance de règles ?
Sur ce point j’ai deux regrets :
- . Je regrette que le coût élevé des centrales nucléaires fasse, parfois, négliger un peu trop les performances de sécurité (je pense au contrat récent du moyen orient attribué à des équipes de faible expérience) ;
- . Je regrette que les règles appliquées aux centrales nucléaires ne soient, souvent, pas publiques, le meilleur contre-exemple (pouvant servir de modèle) étant l’américain « Code of Federal Regulation », ayant valeur de loi.
Sont-ce là les conditions du chauffage urbain nucléaire ?
Sans aucun doute si, par ailleurs, sont respectées :- . les conditions pratiques (choix de sites pas trop urbains),
- . et les conditions économiques (coût mal placé, dans ce cas, du nucléaire sauf cogénération).
Ceci dit, nous arrêterons là nos considérations sur le nucléaire.
Roger CADIERGUES