Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
12 Décembre 2011
En France la ventilation, grâce à la réglementation, est considérée comme bien cadrée. Qu’en est-il, en réalité, face aux objectifs fondamentaux qu’on devrait adopter, c’est ce que j’ai commencé à expliquer la semaine dernière pour le tertiaire et le professionnel. Elargissons maintenant notre examen au résidentiel, où les problèmes sont un peu différents.
En quoi la ventilation résidentielle est-elle spécifique ?
Spécifique pour des raisons diverses. Cette ventilation a introduit une technique jusque là inhabituelle en habitat : la ventilation mécanique. En 1950 c’était une novation forte par rapport à nos habitudes anciennes, alors basées sur la ventilation naturelle. La solution mécanique des habitations fut proposée en France au cours des années 1950-60, mais elle avait déjà été développée en Suède. Il y a d’ailleurs eu – dans notre pays et dans les années 50-60 - quelques applications du système suédois, en particulier dans une opération pilotée, à Paris, par Louis Voillot.
En quoi consiste ce système suédois ?
Au début des années 1960, pour que nos informations sur ce sujet soient complètes, nous avons demandé au Centre Scientifique du Bâtiment suédois de venir nous présenter à Paris l’expérience ayant abouti au choix cité précédemment, l’origine de la solution adoptée étant la suivante. Durant les années 1940 la Suède, cherchant à réduire ses consommations d’énergie, constata qu’en habitation collective la ventilation, souvent mal maîtrisée, était la source de pertes énergétiques très importantes. Il fut alors décidé de lancer des tests in situ consacrés à une nouvelle technique de ventilation résidentielle dite alors « contrôlée ». Deux systèmes furent testés, l’un en ventilation naturelle, l’autre en ventilation mécanique. Il fut rapidement constaté que seule la solution mécanique permettait un contrôle valable. D’où la solution, dite (en suédois) « ventilation mécanique contrôlée » (par opposition à la « ventilation naturelle contrôlée »).
Quelle fut, finalement, la solution française ?
Reprise en France – et plus ou moins modifiée – la solution suédoise de ventilation mécanique contrôlée est devenue ce qu’il est courant d’appeler, en France, la « VMC ». Avec deux configurations types importantes :
. d’abord le système dit « autoréglable », stabilisant les débits d’extraction,
. puis le système « hygroréglable », agissant en fonction de l’humidité des locaux desservis.
La réglementation résidentielle n’a pas, en France, été préparée comme pour le tertiaire ou le professionnel : elle a, pour l’essentiel, été créée sous l’impulsion d’un seul homme, d’ailleurs dépositaire de brevets – ce qui ne va pas sans quelques ambiguïtés. Cette réglementation utilise le principe simple suivant : balayer l’air du logement en allant des pièces principales vers les pièces de service, les seuls débits spécifiés étant les débits d’extraction.
Il n’y a donc pas de spécification des débits d’air neuf pour les pièces principales ?
Normalement non, et il n’y a qu’une seule obligation de fait : le total des débits d’air neuf doit être égal au total des débits d’extraction. C’est au concepteur de fixer les débits d’air neuf par pièce principale. Prenons un exemple. Pour un logement de trois pièces principales (une salle de séjour et deux chambres), le total des débits d’extraction réglementaire (une cuisine, une salle d’eau, un WC) étant de 150 m3/h, il appartient au concepteur de choisir la répartition des débits d’air neuf (total 150) entre les trois pièces principales, par exemple 90 m3/h dans la salle de séjour et 30 m3/h dans chaque chambre. Si chaque chambre est conçue pour deux personnes, l’application des règles du tertiaire présentée la semaine dernière (pollution interne mesurée par le CO2) conduirait bien à 30 m3/h par chambre. Elle conduirait également à 72 m3/h pour la pièce principale (quatre occupants). Les valeurs adoptées par notre réglementation du résidentiel ne sont donc pas incohérentes. Malheureusement la régulation des débits - le paramètre énergétique de base – n’est assuré que par des techniques qui ne sont pas totalement satisfaisantes.
Pourquoi ?
La réponse est assez complexe, et nous la présenterons dans la lettre de jeudi prochain.
N’hésitez pas à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc(at)xpair.com.
Roger CADIERGUES