Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
12 Juillet 2010
Les conditions dans lesquelles se prépare le Grenelle 2 de l’environnement me laisse malheureusement l’impression d’un vaste mouvement qui s’enlise dans les idées fausses, et dans les méthodes inadéquates. Que faire, c’est ce que cette lettre va tenter de suggérer.
S’agit-il ici de se limiter au bâtiment ?
Oui, mais sous toutes ses formes d’intervention dans le bilan carbone. Et sans oublier quelque usage que ce soit susceptible de dégager du carbone vers l’atmosphère. Un premier exemple, celui des meubles frigorifiques de conservation et présentation des aliments dans les grandes surfaces de vente qui peuvent représenter plus de 40% de l’énergie dépensée dans chaque grande magasin : ces meubles vaudraient un effort national bien plus énergique que l’actuel.
Autre point essentiel : prendre un critère « carbone » correct …
Au contraire de ce qui se passe actuellement en France (au contraire de bien d’autres pays, européens ou non), caractériser chaque intervention ou chaque action par son dégagement en carbone. Ce n’est pas difficile car nos informations sont déjà très importantes sur ce sujet, mais il faut veiller à tout prendre en compte. Par exemple ne pas oublier les « énergies grises » celles de la récolte, de la fabrication et de la livraison des énergies en cause. C’est ainsi que les granulés de bois n’ont pas forcément un contenu carbone nul : la culture et la récolte du bois, la fabrication des granulés, leur livraison sont des sources (au moins potentielles) d’émission de carbone.
Nous voilà revenus à la taxe carbone …
    La taxe carbone est une technique  qui pose bien plus de problèmes que ne peut le laisser supposer une  présentation sommaire. J’ai beaucoup d’admiration pour Nicolas Hulot, mais à la  lecture de son dernier ouvrage, au chapitre traitant de la taxe carbone, j’ai  été frappé du fait qu’il connaissait très mal le sujet. Il n’est d’ailleurs pas  le seul : dans une interview télévisée récente notre premier ministre a  été incapable d’expliquer pourquoi la taxe carbone n’avait pas été prévue pour  l’électricité. Quelque temps plus tard le président de la république lui-même, pourtant  ardent défenseur de la taxe, versait dans le même défaut. La taxe carbone ne date  pas d’aujourd’hui, et nous en discutions déjà dans les années 1980. Sauf erreur  de ma part, la première réglementation l’introduisant fut suédoise, et date de  1991. J’aurais bien aimé que nos pouvoirs publics aient mieux enquêté sur cette  introduction suédoise, qui s’est encadrée dans une refonte fiscale générale. En  effet la taxe carbone - en réalité la taxe sur le carbone ajouté (TCA) -  exige des refontes fiscales qui sont telles et si délicates que beaucoup de  pays la refusent… Mais ce n’est pas ici le lieu de discuter de cette taxe, et  je m’en abstiendrai pour revenir à notre analyse du « contenu carbone » des  énergies et actions diverses concernant le bâtiment.
 Point  essentiel : il faut impérativement traiter les problèmes selon les durées  de vies probables.  Actuellement   toutes les dépenses énergétiques sont mélangées, alors qu’à mon avis il serait  essentiel de bien distinguer les techniques selon leur durée de vie. Qui n’est  pas la même pour les lampes, les chaudières ou le bâti. Ne pas faire cette  séparation c’est préparer l’avenir en supposant que rien ne va changer dans les  cinquante années qui viennent : une position intrinsèquement bizarre.
Est-ce si important ?
    Absolument, et je vais prendre le cas de  l’éclairage, mélangé avec tout le reste dans les règles RT actuelles.  Qui aurait pu prévoir il y a cinq ans, et même il y a seulement un ou deux ans,  qu’aujourd’hui (je dis bien « aujourd’hui ») seraient désormais disponibles  des lampes électroluminescentes (LED) de 12 W, produisant 650 lumens,  soit une efficacité lumineuse double de celle des ampoules fluo-compactes  de puissance électrique équivalente. Et ce  sans mercure, avec une durée de vie de 50 000 h, et un coefficient de  rendu de couleurs très suffisant de 0,94.  Oublier qu’il peut exister de telles  situations – plus ou moins imprévisibles bien sûr - ce n’est même pas prévoir l’avenir,  c’est le mépriser. Si l’on adopte ma position il va falloir : 
  . calculer  l’émission carbone des fluo-compactes et celle des LED (l’incandescence ne sera  plus disponible),
  . comparer les  coûts à même émission carbone, 
  . en déduire la  solution à privilégier, mais ne pas se faire d’illusions sur son application,  le prix des nouvelles lampes étant loin d’être négligeable.
  Nous y reviendrons le 6 Septembre prochain.  
Roger CADIERGUES
