Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
1°) Pourquoi tout d’un coup moult questions de santé environnementale ?
Le bien-être et la santé au sein des bâtiments représentent aujourd’hui une dimension en pleine transformation, car les bâtiments dès l’origine, ont été destinés à nous protéger de l’extérieur, sous-entendu de nous mettre en toute sécurité et en premier lieu nous mettre à l’abri. Pendant longtemps cela était le seul registre, on ne s’est pas intéressé à plus.
Pourquoi tout d’un coup moult questions de santé environnementale ?
La notion de santé environnementale a émergé dans les années 80 lorsqu’on a découvert que l’origine de maladies « dites modernes » pouvait se situer dans les conditions de notre environnement de vie.
Comme la très grande majorité d’entre nous vivent dans un environnement urbain (bâti et construit par l’homme), c’est donc le secteur de la santé environnementale en site urbain qui a été l’objet de la plus grande attention.
La première question soulevée a été celle de la qualité de l’air dans les villes. Or le problème est ancien et a toujours existé au cours des siècles. Ce n’est pas de nos jours que la qualité de l’air est la plus mauvaise, il y a eu des périodes dans l’histoire des villes où le problème était plus prononcé en termes de santé publique. Tout le monde se chauffait au bois ou au charbon (donc émissions de particules fines), avec une hygiène déplorable (odeurs, pas d’égout) ; l’hygiène était au niveau zéro.
Après avoir conquis en premier lieu cette hygiène par la gestion des eaux usées et la construction de réseaux, nous nous sommes aperçus que nous butions sur quelque chose qui restait mal maîtrisé : la qualité de l’air extérieur.
Ce phénomène de qualité de l’air extérieur est lié à nos modes de vie modernes, ceux d’une société industrialisée et urbanisée et à forte mobilité automobile.
Les premiers exemples en termes d’actions sur nos modes de vie sont à l’œuvre : c’est, par exemple, dans le cas d’un indice de qualité de l’air mauvais, l’obligation de ne laisser circuler qu’une voiture sur deux, bientôt ce sera l’interdiction de circulation des voitures les plus polluantes.
Mais, nous les urbains, passons encore plus de temps à l’intérieur des bâtiments (logements, bureaux, commerces, équipements collectifs, transports collectifs qui sont des bâtiments en quelque sorte …) qu’à l’extérieur. On a coutume de dire que cela représente en moyenne 22 heures sur 24 heures.
Donc, au-delà de l’émergence de la question de qualité de l’air extérieur, c’est de la qualité de l’air intérieur (des bâtiments) dont il est désormais question.
2°) La qualité de l’air intérieur est un domaine spécifique
Cet air intérieur dans les bâtiments peut s’assimiler basiquement à de l’air extérieur qui rentre dans le bâtiment avec néanmoins beaucoup d’apports de ce que génèrent les matériaux qui sont au contact de notre air intérieur (parois des murs, des sols et des plafonds, meubles) et de ce que génèrent nos modes de vie (activités domestiques, animaux de compagnie, …).
Il y a donc une spécificité de cet air intérieur qui conduit à la notion de pollution intérieure. Cette pollution intérieure est le fait (en dehors des cas de tabagisme) de composants organovolatils (les plus répandus étant le formaldéhyde, le benzène, le toluène) de polluants biologiques, notamment ceux générés par les moisissures (attention aux ponts thermiques et à l’excès d’humidité et à la ventilation insuffisante), ceux générés par les animaux (acariens, poils d’animaux) et ceux générés par les végétaux (pollués). Nous sommes sur des champs scientifiques nouveaux et progressons rapidement : en France (avec un CSTB en pointe sur ce sujet), nous avons créé un Observatoire de l’Air Intérieur qui, par ses travaux, nous permet de dresser une carte de cette pollution intérieure et de prévoir ces actions correctives.
Parmi les « surprises » que réservent ces travaux, il y a ceux consécutifs à la séquence de la canicule 2013. Pendant cette période, les médecins cherchaient dans l’excès d’ozone dans l’air extérieur une des causes à la mortalité constatée. Or, le CSTB a montré que dans l’air intérieur, à cette époque, il y avait très peu d’ozone car des réactions chimiques endogènes avaient eu lieu et l’avaient fait disparaître. Or, les personnes âgées sont restées, bien évidemment, à l’intérieur des bâtiments. Donc les médecins étaient sur une fausse piste.
De façon générale, la sensibilité aux questions de santé environnementale n’a fait que croître : l’explication en est simple : le bâtiment a toujours été considéré comme un lieu de refuge ; c’est pourquoi, il doit nous protéger des dangers (d’où le besoin de sécurité : incendie, sismique) et être un lieu particulièrement sain (protecteur de santé).
Avec cet éclairage, on comprend que le domaine de la qualité d’air intérieur, jusque-là délaissé, ait été de plus en plus « regardé » avec des progrès encourageants sur les capacités à rendre plus sain cet air intérieur ; d’une part, les matériaux qui sont à l’origine de la pollution sont « assainis » et, d’autre part, nous progressons dans les outils de dépollution de l’air.
3°) Mesurer la qualité de l’air intérieur
Il manquait, jusqu’à maintenant, un élément essentiel : un instrument de mesure instantanée de la qualité de l’air intérieur. Tout le monde se rappelle, qu’au temps des simples vitrages, l’effet paroi froide des vitres permettait de mesurer l’excès l’humidité dans l’air ; dès lors qu’on voyait les vitres embuées, notre réflexe était d’aérer immédiatement.
Désormais, nous allons disposer d’instruments simples miniaturisés et peu coûteux qui nous renseigneront sur la qualité de l’air. Nous pourrons confronter nos sensations, notre ressenti à la mesure objective. C’est toute une culture nouvelle qui va naître. On en fera d’abord l’application dans les lieux de travail (bureaux, usines, commerces) dans les logements ensuite. Chacun pourra « étalonner » au regard des chiffres ses sentiments de confort, de bien être ; nous pourrons savoir si nous sommes peu ou très sensibles à cette qualité.
La qualité de l’air est un domaine où l’on passe aisément de la notion de santé (stricto sensu) à celle de bien-être qui est une vision plus large de la santé : celle qui retient l’organisation mondiale de la santé.
La notion de bien-être (santé largo sensu) et aussi fille de confort. Elle est très personnalisée et très subjective ; ce qui est heureux et nous renvoie à l’idée de pouvoir agir et non subir ; c’est la quête d’un bien-être choisi et personnalisé donc d’un bâtiment « adaptable » et « commandable » par nous.
Alain Maugard
Bonjour,
La qualité à l'air intérieur est le grand défit pour les concepteur et les metteur en oeuvre dans le bâtiment pour les années à venir.
Ne ratons pas cet enjeux et pour cela travaillons ensemble, j'entends les concepteurs avec les metteurs en oeuvre , suite aux formations feeebat les entreprises sont montés en compétence, donnons leur leur vraie place en les associant dans la démarche PCI.
Vouloir faire de la performance avec uniquement des matériels performants est un leurre si nous n'adoptons pas des méthodes performantes, sans cela le consommateur ne s'y retrouvera pas.
Gérard CONNAN