Par Bernard REINTEAU, journaliste spécialisé le 22 Avril 2020
Les premiers chiffres analysés par la Capeb montrent que le confinement en raison de la pandémie de Covid-19 frappe 80% des entreprises.
Même s’il existe une légère disparité entre les régions Est et Ouest, les chiffres de l’activité économique du bâtiment fournis par le ministère du logement et ceux élaborés par les organisations professionnelles montrent un impact majeur de la pandémie de coronavirus – Covid-19 et du confinement qui s’est mis en place à partir de la mi-mars. Les chiffres globaux d’activité affichent le profil d’un piqué vertigineux pour ce premier trimestre 2020 ; le trimestre à venir ne devrait certainement pas indiquer d’inflexion de cette courbe (voir la figure), bien au contraire. Déjà, cette première étape gomme d’un coup deux années de reprises patiemment grappillées. 80% des entreprises sont à l’arrêt complet.
Un marché qui se resserre déjà
Les chiffres de cet effondrement se rencontrent évidemment dans tous les métiers. En l’espèce, gloser sur les -8 % des plombiers-chauffagistes au regard des -6 % des maçons est dérisoire. Plus important, les autorisations de logement et les mises en chantier montrent déjà une baisse respective de -1,6% et -1,2%. Ce qui indique que le phénomène en cours est non seulement violent, mais sera rémanent au cours des mois et années à venir. La baisse des carnets de commande, à 67 jours début Avril contre 75-78 jours trois mois plus tôt, doit être conjuguée avec les déclarations de baisses des appels de clients par les adhérents de la Capeb (pages 7 et 8 de sa note de conjoncture d’Avril).
La Capeb demande une aide d’équipements sanitaires pour l’organisation des chantiers
Dans son commentaire des chiffres, les rédacteurs de la Capeb évoquent avec précision l’étendue de la situation. L’arrêt de l’activité trouve ses causes dans le confinement général institué, et malgré les mesures élaborées par la profession et diffusées par l’OPPBTP, 45% des clients privés ou publics refusent l’entrée sur les chantiers (le taux monte à 71% chez les particuliers). Pour leur part, 46% des professionnels refusent d’exposer leurs salariés au risque d’infection, et 21% des salariés refusent de se rendre sur les chantiers. 66% des entreprises ont demandé à bénéficier du chômage partiel. Peut-être plus radical encore, les matériaux et produits de construction ne sont tout simplement plus disponibles : 39% des fournisseurs étaient fermés au moment de l’enquête …
Dans son communiqué du 22 Avril qui commente cette situation, la Capeb demande que les entreprises du bâtiment soient aidées pour mettre en place les équipements sanitaires indispensables pour le déroulement des chantiers, qu’il s’agisse des protections basiques, mais aussi de l’aménagement des bases de vie des chantiers – notamment les vestiaires – et des moyens de transports des équipes. Une demande qui s’explique aussi logiquement par la détérioration rapide et profonde des trésoreries des entreprises : -30% ! A cette date, la Banque de France rapporte un taux de faillite au 4ème trimestre 2019 en baisse de -9,73% par rapport à la même période de 2018 ... Cela semble déjà très exotique.
A télécharger - La note de la conjoncture de la Capeb
À propos de l'auteur
Bernard Reinteau
Journaliste de la presse bâtiment depuis la fin des années 80, Bernard Reinteau est journaliste indépendant. Il a œuvré pour les principaux titres de la filière et se spécialise particulièrement sur les solutions techniques liées à la performance énergétique et environnementale des constructions et rénovations performantes. Il collabore principalement avec les plus grands titres et en particulier avec Xpair.
Les chiffres sur la consommation des ménages fin mars sont à cette adresse : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4484674