Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
12 mai 2008
Les lettres précédentes indiquaient pourquoi, et un peu comment il était possible de concevoir des systèmes écologiquement et économiquement performants à partir de calculs simples plutôt qu'à partir de calculs complexes de type RT. Comme je l'ai indiqué cette démarche simple permet de déboucher sur des choix valables en matière de chauffage aussi bien que sur des choix valables en matière d'équipement technique (eau chaude, éclairage, etc...). Reste la climatisation …
Que peut-on dire à ce sujet ?
Je n'ai pas grand-chose à ajouter sur ce que j'ai dit sur le confort d'été dans ma lettre du 25 Février dernier. Je vais seulement indiquer comment les problèmes peuvent être résolus. Et ce en France, en adoptant la démarche présentée la semaine dernière. Ma lettre du 25 Février dernier visait essentiellement l'exemple réglementaire britannique : nous voici maintenant face au choix français. J'entends par là les règles RT 2005, et la situation qui a récemment été dénoncée par un article de Chaud-Froid-Plomberie de Janvier dernier intitulé "R2005 et climatisation : la confusion règne en ce début 2008". J'y ajouterai mes critiques personnelles sur la réglementation thermique quant à son application à la climatisation.
Cette sévérité n'est-elle pas exagérée ?
Absolument pas, et ma recommandation est claire : en particulier si vous êtes un défenseur du développement durable n'appliquez pas la RT 2005 en ce qui concerne la climatisation. Voici pourquoi en quelques mots, en me limitant aux deux éléments essentiels les plus graves. 1. Les bases climatiques RT sont choisies de façon absurde. Alors que le risque de canicule est bien plus élevé à Bergerac (record de France de température d'été : vagues de chaleur venant d'Espagne) qu'à Nice (effet stabilisant de la Méditerranée) la RT 2005 prend des dispositions absolument contraires. Les calculs de charges de climatisation (par exemple guide n°2 de l'AICVF) n'adoptent d'ailleurs pas du tout le découpage climatologique d'été de la RT (un comble pour un texte visant la climatisation, qui se moque complètement de la manière dont les installations sont calculées). 2. Les calculs de températures intérieures d'été sont basés sur une méthode que l'on sait fausse depuis plus de 70 ans (Léon Nisolle et André Nessi), ainsi que l'ont reconnu par la suite Mittalas et Stephenson en 1967 (auteurs des règles appliquées systématiquement aux USA et au Canada), ou Jürgen Masuch un peu plus tard en Allemagne (règles de calcul des climatisations). C'est grave car cette erreur conduit à des conclusions très erronées sur l'inertie et à des erreurs de plusieurs degrés sur les températures d'été.
Est-ce tout ?
Pas véritablement, car il faut y ajouter les difficultés inhérentes aux calculs prévisionnels des consommations en climatisation. Je rappelle les conclusions des experts britanniques que j'ai citées le 25 Février dernier : malgré toutes les précautions, il s'est avéré impossible de fixer des objectifs. "La raison en est que les systèmes de climatisation sont complexes dans leurs principes, dans la manière dont ils sont régulés, et dont ils sont gérés". Il n'existe qu'une seule exception, les USA et l'ASHRAE, avec un calcul par simulation horaire, adapté il est vrai aux climats et - surtout - aux habitudes de conduite nord-américaines, jusqu'ici assez différents des nôtres.
Comment y obvier ?
C'est l'un des objectifs d'une méthode dont je reparlerai en Juin, qui
se caractérise :
- par une évaluation bien plus rigoureuse (climatologiquement et physiquement)
de ce que risquent d'être les températures intérieures d'été
en l'absence de climatisation, aujourd'hui mais surtout en 2040 ou 2080,
- par une limitation volontaire à un nombre circonscrit de systèmes
de climatisation.
Les climatiseurs ne sont pas inclus dans les bilans car leurs consommations
actuelles sont beaucoup plus faibles que généralement prévu,
ainsi que le démontrent aussi bien les statistiques EdF, que les observations
courantes. Je tiens des cas réels à votre disposition si vous
ne me croyez pas.
En dehors des climatiseurs quels sont les systèmes retenus ?
Voisins de ceux retenus par les textes britanniques cités dans ma lettre du 25 Février, les systèmes : tout eau à partir d'une pompe à chaleur, tout-air (à débit constant ou variable avec réchauffage terminal, à débit variable avec chauffage périphérique), air-eau (quatre tubes avec éjecto-convecteurs, ventilo-convecteurs, poutres ou plafonds rafraîchissants). Il s'agit là, non pas de contraindre, mais d'aider aux meilleurs choix. Il est évident que de telles démarches pourront conduire à des comparaisons de systèmes pouvant avoir des conséquences commerciales lourdes. Ce sera le prix à payer pour assurer du développement durable en climatisation.
Roger CADIERGUES