Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
12 Janvier 2009
Comme je l'ai indiqué dans une lettre précédente, nous nous interrogeons toujours sur la manière de calculer les effets de telle ou telle mesure sur les consommations du neuf ou de l'existant. Pour certains de mes interlocuteurs l'affaire est simple… mais je ne suis pas sûr du tout qu'il en soit ainsi…
Que voulez-vous dire par là ?
Prenons l'exemple de la réglementation thermique française existante, qui a fait l'objet de pas mal de difficultés - surtout avec le prétendu moteur de calcul. Pour y obvier l'une des solutions les plus pertinentes qui m'ait été suggérée est celle d'une norme européenne de calcul prévisionnel des consommations. Hélas ce n'est pas aussi simple qu'on peut le croire : il suffit de regarder la vingtaine de réglementations thermiques européennes actuelles pour le comprendre.
Est-ce vraiment si divergent ?
Prenons pour commencer l'expression elle-même des consommations : en dehors de deux pays qui s'expriment en CO2 (l'Espagne et le Royaume-Uni) tous les autres s'expriment en consommation plus ou mois nuancée, la moitié des pays européens (neuf en tout) s'exprimant en " énergie primaire " comme la France. Avec, d'ailleurs des coefficients de transformation variant fortement selon les pays. Si vous voulez adopter cette présentation il vous faut, par exemple, multiplier la consommation électrique réelle : par 1,5 en Estonie, par 2,5 au Danemark, par 2,7 en Allemagne, non compris le 2,5 français. Ajoutez-y que ces coefficients sont très subjectifs et qu'ils devraient, normalement, évoluer avec le développement des énergies naturelles dans la production d'électricité. Sans compter, par ailleurs les corrections à adopter pour tenir compte des énergies grises, par exemple le coefficient multiplicateur 1,1 pour le fioul ou le gaz en Allemagne. Sans compter également le fait que tous les pays n'utilisent pas du tout les mêmes méthodes de base pour la prévision des consommations réelles, les divergences pouvant même être parfois assez fortes.
N'est-il vraiment pas possible, au moins, de " normaliser " ces dernières ?
Détrompez-vous, car il y a d'assez fortes divergences, ne serait-ce que sur le plan du découpage temporel. C'est ainsi que 18 pays sur 21 utilisent des méthodes " mensuelles " (des moyennes), et non " horaires " comme la France. Mais avec de fortes particularités, certaines méthodes par exemple retranchant purement simplement les apports " gratuits " des pertes " brutes ". Schématiquement cela veut dire que la quasi-totalité des méthodes adoptées n'ont pas vraiment été validées. En clair, s'il avait fallu une méthode européenne normalisée, il eut probablement été nécessaire de s'y mettre un peu plus tôt… et de choisir la méthode finale sur des bases rationnelles et non pas subjectives. En effectuant toutes les comparaisons nécessaires, ce qui n'a manifestement pas été vraiment fait.
Votre solution AuxiDev peut-elle régler le problème ?
Il était initialement prévu que les livrets AuxiDev, qui paraissent depuis le 8 Janvier 2009, seraient complétés (normalement avant fin 2009) par des outils logiciels allégeant l'application de ces livrets. La situation est malheureusement telle que tout se complique, sur le plan énergétique (le Grenelle 2 et RT 2012) aussi bien que sur le plan informatique. Sur le plan énergétique ceci nous conduit à prendre quelques précautions, et à se prémunir contre les évolutions induites par les discussions en cours sur les futures règles françaises : nous verrons ultérieurement comment y parvenir. Mais ce n'est qu'un aspect, car aussi curieux que cela paraisse, la situation informatique 2009 n'est pas claire. On peut, bien entendu suivre plus ou moins aveuglément, les méthodes informatiques en usage actuellement dans notre secteur, mais c'est peut être passer à côté de solutions nouvelles.
Que voulez-vous dire par là ?
Pour m'expliquer, il me faut me livrer à un certain nombre de commentaires, ce que nous examinerons dans la lettre de la semaine prochaine.
Roger CADIERGUES