Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
07 Septembre 2009
J’ai la semaine dernière, attribué aux avalanches de textes réglementaires et normatifs nouveaux, le déséquilibre d’information que nous subissons. Je vous avais promis de revenir sur le sujet : nous y voici.
Que conseillez-vous, finalement, de faire ?
C’est très simple, chargez-vous vous-même du développement durable, et ce pour quelque activité que ce soit : examen, conception, réalisation, etc. Qu’il s’agisse de neuf ou qu’il s’agisse d’existant. Le seul problème sera de définir, et mettre au point, les aides vous permettant de vous adapter à ce nouveau rôle, les normes et les règlements n’étant plus alors ni l’essentiel ni le pilote, mais uniquement des annexes à respecter ou à adapter.
Comment peut-on vraiment prendre soi-même en main le développement durable ?
Il est normal que cette idée vous paraisse bizarre : ce devrait pourtant être l’essentiel de vos préoccupations. N’oubliez pas, d’ailleurs, que les pouvoirs publics (ou normatifs) - en France comme ailleurs - devront, de plus en plus fréquemment, s’attacher à ce développement. Bien qu’encore fort en retard dans les faits, ils y viendront tôt ou tard. De sorte qu’en opérant comme je vous le conseille, et comme je l’expliquerai : non seulement vous pourrez immédiatement – et sans complications – choisir la voie du vrai développement d’avenir pour vos examens, vos conceptions ou vos réalisations, mais en plus vous pourrez le faire grâce à des concepts simples, des concepts auxquels sont plus ou moins condamnés les lois et règlements du futur (vous aurez donc de l’avance), et, in fine, vous pourrez même en faire des présentations parfaitement compréhensibles par tous (pensez éventuellement à vos clients pour lesquels le développement durable reste encore un peu mystérieux).
Quelle est donc, concrètement, votre recommandation ?
Tout le monde sait, au moins qualitativement, ce qu’est le développement durable : «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs». Ceci dit, pour avancer, il est indispensable de pouvoir utiliser des critères chiffrés. Dans notre cas, la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’effet de serre étant essentiels, le critère de base que je vous propose d’adopter est le bilan carbone. Ce bilan, finalement très simple, prend en compte les émissions de tous les gaz à effet de serre, émissions engendrées directement ou indirectement par les activités de toutes sortes. Les gaz à effet de serre ne sont pas seulement le CO2, mais également d’autres gaz tels que le méthane, les halocarbures (pour nous certains fluides frigorigènes), et le protoxyde d’azote (NO2). Il n’en reste pas moins que le CO2 joue, dans notre cas, un rôle essentiel. Cette précision étant acquise n’oubliez pas que le problème est propre à chaque pays et à chaque opération : la confusion des situations entre les différents pays européens et entre les différents fournisseurs d’énergie n’est pas acceptable. Il faut, de toutes façons, abandonner complètement les critères, dits «universels», basés sur les consommations d’énergie - même s’il s’agit d’énergie dite primaire.
Que fait-on de ce bilan carbone ?
Pour toute opération examinez les différentes solutions énergétiques possibles et calculez leur bilan carbone. In fine adoptez la solution optimale : celle qui conduit au bilan carbone minimal. Ne vous inquiétez pas éventuellement si les conclusions tirées de cette optimisation sont différentes de celles qu’on vous recommande habituellement. L’idéal est de parvenir au bilan carbone zéro (les bilans négatifs sont également possibles dans le cas de production locale d’énergie). Ceci dit, l’utilisation du bilan carbone se heurte à deux difficultés.
Lesquelles ?
La première difficulté tient à l’évaluation correcte du bilan carbone des énergies elles-mêmes : c’est assez facile pour beaucoup (à partir du CO2 produit lors de la combustion), mais c’est plus compliqué pour d’autres.
D’abord pour les combustibles végétaux pour lesquels il faut établir un bilan complet, tenant compte de l’absorption de carbone par les plantes lorsqu’elles sont vivantes. Ensuite pour l’électricité, où le bilan carbone dépend du fournisseur : selon le fournisseur les bilans carbone de chaque kWh ne sont pas du tout les mêmes.
La deuxième difficulté tient à ce que, pour faire un bilan correct, il ne faut pas oublier de tenir compte des énergies grises, celles qui correspondent à la préparation et à la livraison du combustible. C’est ainsi que, pour les plaquettes forestières, le bilan carbone n’est pas nul si l’on tient compte de l’énergie grise. De nombreux pays européens, bien qu’opérant en consommation, tiennent déjà compte (au contraire de la France dans les RT) de ces énergies grises : nous disposons donc là d’une documentation assez abondante, et il est assez facile de les prendre en compte, un peu forfaitairement il est vrai.
Dès la semaine prochaine nous poursuivrons cet examen.
Roger CADIERGUES