Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Le qualificatif "renouvelable" est si magique que beaucoup de techniques tentent de se l'approprier. Je pense qu'il est, ici, inutile d'épiloguer sur les usages excessifs du terme. Essayons plutôt de voir ce qui peut être retenu. Au-delà du solaire bien entendu, traité dans les lettres du mois précédent.
Par quoi allons-nous commencer ?
Par les énergies d'origine végétale. D'abord le bois sous ses différentes formes. Jusqu'à ces derniers temps j'ai toujours regretté la faiblesse des positions françaises en matière d'utilisation raisonnée du bois. Et d'adoption des techniques que je dirai "autrichiennes" (granulés et chaudières automatiques). Reconnaissons toutefois qu'il s'agit là d'un marché très spécifique, sérieux et important pour certaines régions mais géographiquement limité. Que les entreprises régionales qui se consacrent aux chaufferies automatiques au bois soient félicitées, mais je n'en vois pas facilement la généralisation. Il faut, en tous cas, faire d'urgence un bilan basé non pas uniquement sur le C02, mais également sur le CH4. Ceci dit, il serait logique de prendre également en compte les combustibles liquides à forte teneur en produits d'origine végétale (éthanol, etc ...). Très franchement j'ai la faiblesse de croire que, pour des raisons multiples, cette technique ne pourra jamais jouer (en bâtiment) qu'un rôle partiel.
Et l'éolien ?
Le sujet n'est pas nouveau. Au moment de la crise précédente de l'énergie le CSTB (avec Duchesne Marullaz) a analysé les perspectives domestiques d'usage de l'éolien et débouché sur des conclusions peu favorables. Il se trouve que, sensiblement à la même époque, j'ai eu l'occasion d'étudier le problème de l'éolien au Danemark, le pays alors le plus réputé pour cette technique (restant d'ailleurs aujourd'hui l'un des principaux fournisseurs d'éoliennes). A l'époque de ma première enquête de nombreuses villes danoises possédaient des centrales municipales combinées de chauffage urbain et de production d'électricité, l'éolien pouvant alors apparaître comme un "additif" intéressant. Malheureusement, dès cette époque et au Danemark, se développaient déjà de fortes oppositions aux centrales éoliennes terrestres, et ce pour des raisons esthétiques aussi bien qu'acoustiques. Ce qui conduisait à privilégier les installations "off-shores". Lorsqu'on dispose d'un plateau continental (ex. Danemark, Allemagne du Nord, etc ...) il est aisé d'y installer des éoliennes modernes bénéficiant d'un régime des vents très favorable, sans problèmes de bruits ni de vues. Par contre, l'affaire est plus délicate lorsqu'on veut installer les éoliennes sur terre, plus ou moins proches des habitations.
Les obstacles ne sont-ils pas, alors, surestimés ?
Je laisserai de côté le rejet visuel - thème de discussions interminables - pour n'aborder que le problème du bruit. Les promoteurs français des éoliennes, se basant sur la réglementation acoustique, mettent en avant le fait que le bruit des éoliennes est faible avec les implantations habituelles. Malheureusement leur référence se sont les décibels A. Or, nous savons bien, en aéraulique, qu'il s'agit là d'un critère très insuffisant, la prise en compte des différentes fréquences de bruits - en particulier des basses, sinon très basses fréquences - étant essentielles. D'où des bruits qui peuvent être gênants, sinon désagréables, à des niveaux qui ne sont pas du tout repérés par les règlements, et qui ne sont d'ailleurs pas facilement mesurés par les sonomètres usuels.
Les progrès sont-ils vraiment impossibles ?
Impossibles non, mais difficiles. Prenez l'exemple de l'éolien "domestique". A la récente exposition de Hanovre était proposé un petit générateur éolien ne posant pas en principe de problème de bruit (je n'ai pas contrôlé). Installé dans le jardin d'une résidence individuelle il permet (dit le fabriquant) de fournir toute l'électricité et l'eau chaude à l'habitation en cause. Les prototypes (de 1 à … 150 kW), distribués prochainement en Europe et en Chine, sont - bien entendu - à suivre. L'avantage de l'éolien, par rapport au solaire, c'est que le système fonctionne relativement bien la nuit. Sans stockage.
Roger CADIERGUES