Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
24 Janvier 2011
La parution relativement récente (Juin 2010) de la directive européenne révisée consacrée à la performance énergétique des bâtiments (EPBD2) relance un peu le sujet avant que ne commencent à apparaître les premiers jalons concrets de la réglementation française (RT 2012).
Quels sont donc les éléments de cette relance ?
Avant de vous répondre je voudrais citer un épisode significatif, qui se place en 2004 alors que la première directive européenne date de fin 2002. Sur demande j’avais accepté de présenter une conférence sur l’actualité, en me centrant – à la fois – sur la directive européenne et sur les perspectives technologiques du moment. Ayant, après la conférence, ouvert directement et en privé la discussion avec les auditeurs j’ai eu la surprise de voir venir vers moi une petite équipe de trois étudiants chinois de Maximilien Perret qui souhaitaient manifestement en savoir plus. Je m’apprêtais donc à fournir des détails supplémentaires sur la directive lorsque j’ai eu la surprise de constater que mes interlocuteurs souhaitaient uniquement parler de perspectives technologiques. Ils souhaitaient, en particulier, en savoir plus sur une des techniques alors en développement que j’avais citée : la cogénération. Jusque là limitée aux grandes opérations - à la rigueur aux grands bâtiments tertiaires – on envisageait de l’étendre aux petites installations, de la taille d’une maison individuelle, ce qu’on a appelé depuis la « microcogénération ».
Que voulaient donc savoir vos interlocuteurs ?
Si la microcogénération était pour demain. Et quelles étaient les techniques prévues pour les petites chaudières de cogénération – un aspect que je n’avais abordé que très sommairement. Très vite la discussion a porté sur les aspects techniques : était-il possible d’utiliser des générateurs à condensation, pourquoi utiliser des moteurs Stirling pour la production d’électricité ... C’est là où j’ai pu saisir la passion de ces jeunes chinois pour la technologie. C’est alors que j’ai pu saisir le niveau intense de leur curiosité. Une leçon à ne pas oublier …
Que devenait la directive dans ces conditions ?
Une directive qui est le centre principal d’intérêt pour les ingénieurs et techniciens français, alors que c’est un épisode un peu secondaire pour les jeunes chinois. Lorsqu’est parue, en Juin dernier, une nouvelle édition de la directive je me suis rappelé mes jeunes interlocuteurs chinois. Mais je me suis aussi rappelé le centre d’intérêt des auditeurs français présents lors de ma conférence. Je pense donc que la nouvelle édition de cette directive, parue en Juin dernier, est ce qui les intéresse le plus. Il est vrai, en tous cas, qu’elle apporte des éléments originaux … même si elle reste loin du progrès technique.
Quels sont ces apports originaux de la nouvelle directive ?
Ils sont multiples, le principe restant, plus que jamais, le suivant : il appartient à chaque pays de fixer sa réglementation … et ses règles de calcul. Malgré cela l’une des discussions importantes qui a eu lieu lors des discussions préalables tranche assez fortement avec les décisions passées. C’est clairement sous l’impulsion des constructeurs de matériels que la décision a été prise, l’objectif étant de créer des bases communes pour le marché européen des matériels d’équipement technique. C’est évidemment très important, car les débouchés commerciaux dépassent manifestement les anciennes frontières européennes : il devient de plus en plus difficile de faire des progrès si chaque pays opère selon ses idées. La solution qui s’est dégagée - qui est encore loin d’exécution - c’est qu’il faut créer un cadre commun unique pour l’évaluation de la performance énergétique des bâtiments, la solution la plus évidente étant de recourir à une norme de calcul européenne (CEN). Personnellement je pense qu’il serait même préférable d’évoluer vers une norme internationale (ISO), mais c’est peut-être en demander trop.
Pensez-vous que cette norme soit proche ?
Je crains que non. Entre temps la réglementation française (RT 2012) aura imposé le recours à la méthode de calcul Th-BCE 2012 dont je ne puis rien dire tant qu’elle n’est pas définitivement parue. Que se passera t-il lorsque la norme européenne sera parue – et quand - je n’en sais rien.
Roger CADIERGUES