Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
23 Janvier 2012
Jeudi dernier j’ai commencé à analyser le coût du photovoltaïque : il nous reste, maintenant, à terminer cet examen …
Que voulez-vous dire en la matière ?
Restons d’abord sur l’étude américaine : elle a porté sur certains paramètres, par exemple la variation selon les régions et l’influence éventuelle des subventions locales, la différence entre installations sur maisons individuelles neuves ou existantes, les différences entre petites et grandes installations. Mais ce qui m’a paru le plus notable c’est de constater, par ailleurs, l’évolution du marché américain.
Cette évolution est-elle donc si importante ?
Laissons de côté l’évolution du marché français qui a connu, en 2011, une brusque chute liée à l’évolution forte, fin 2010, des tarifs (excessivement élevés et anormaux jusque là) de rachat du courant photovoltaïque. Voyons plutôt l’évolution du marché américain qui est très significative. Il y a cinq ans, aux Etats-Unis la fabrication des panneaux photovoltaïques était totalement américaine, issue en particulier des usines de Solar World Industries America (en fait filiale du géant allemand Solar World). Or, drame manifeste, en 2011 la situation a complètement changé : plus de la moitié du marché est devenu chinois. Plusieurs fabricants américains ont alors fait faillite, le drame ayant commencé en 2010 avec la faillite d’un des plus importants fabricants (Solyndra) malgré une aide gouvernementale de 10 millions de dollars. Très vite le gouvernement américain a accusé le gouvernement chinois de subventionner abusivement les fabrications solaires. Le gouvernement chinois a, à son tour, accusé les USA du même comportement. C’est dire qu’on ne sait plus très bien quel est le coût réel. D’autant qu’il est difficile d’y voir très clair dans la querelle américano-chinoise : les chinois importent par exemple (légalement) à travers leurs filiales américaines, mais paient une taxe douanière. Ce qui n’est évidemment pas le cas des firmes américaines. Actuellement l’agence chinoise de planification économique propose que les Etats-Unis et la Chine travaillent de concert à la réduction du coût de l’énergie solaire … mais nous en sommes loin.
La morale du développement américain ne s’arrête-t-elle pas là ?
Absolument pas, et revenons au suivi des coûts par l’université de Berkeley, suivi que j’ai présenté Jeudi dernier. La conclusion la plus importante est, à mon avis, la suivante :
. alors que les installations de moins de 2 kW(crête) coûtent 9,80,
. les installations de plus de 1000 kW coûtent 5,20.
Ce qui veut dire que, pour une même puissance, les grandes installations coûtent à peine plus de la moitié de ce que coûtent les petites installations. C’est un résultat fondamental.
Que voulez-vous dire par là ?
Que le soutien de la réalisation de petites installations est une erreur stratégique grave.
En clair :
. il est absurde de prôner les installations voltaïques locales,
. alors qu’il faudrait soutenir la réalisation de centrales photovoltaïques par les producteurs d’électricité.
Voulez-vous dire que la politique des « bâtiments de consommation zéro », ou « positifs », produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment est absurde ?
Absolument : c’est – sauf pour les bâtiments d’implantation très isolée, contraire à ce que nous venons de constater. L’admiration (pour ne pas dire plus) des bâtiments « de consommation zéro » est franchement absurde, et il est temps que les gouvernements réorientent mieux leurs politiques « énergies renouvelables ».
N’oubliez pas : n’hésitez pas à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc(at)xpair.com.
Roger CADIERGUES