Un paramètre oublié : le paramètre humain

Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019

Quel que soit le problème, manque d'énergie ou insuffisance de maîtrise de l'effet de serre, peu importe : dans tous les cas la législation semble imposer des règles simples, renforcées par des aides telles que les déductions fiscales, plus ou moins applicables par n'importe qui. Ne s'agit-il pas là de décisions simplistes dont les avantages attendus seront détruits par la réalité.

Que voulez-vous dire par là ?

La solution ne peut pas être uniquement réglementaire. Il faut aller nettement plus loin, et s'appuyer davantage sur la compétence et la responsabilité des intervenants de terrain.

Quel peut être ce rôle des intervenants de terrain ?

Fondamental, j'en ai de nombreux exemples. Sur ce point, mon souhait est de voir nos autorités européennes et françaises changer un peu de comportement, j'ai presque envie de dire :
- "arrêtez de choisir pour intervenants des incompétents",
- et, à l'inverse, "arrêtez de prendre les compétents pour des enfants".

C'est clair : une grande partie de l'avenir est dans les mains de professionnels compétents et responsables. Et non pas dans la croyance qu'on puisse tout régler par des lois ou des calculs arbitraires, finalement simplistes face aux réalités multiples que nous pouvons rencontrer. C'est d'abord la compétence qu'il faut aider à développer. C'est la responsabilité qu'il faut exiger. Et non pas simplement l'application plus ou moins aveugle de règles simplistes et limitées. Le problème de compétence est bien plus important qu'on ne semble souvent l'imaginer.

Pouvez-vous nous citer des exemples ?

Il y en a de nombreux, je ne vais n'en prendre qu'un seul, celui des chaudières à condensation. Supposez que, suivant les recommandations courantes actuelles, vous installiez sur un chauffage à eau chaude classique (température des émetteurs de l'ordre de 70 à 80 °C, régulation par thermostat tout ou rien) une chaudière à condensation. Votre client va payer sa chaudière 60% de plus qu'une chaudière normale de bonne qualité, mais il va bénéficier de deux avantages :
- un taux de crédit d'impôt très élevé (40% peut-être),
- et à priori un meilleur rendement.

Or cette dernière assertion est fausse : le rendement sera sensiblement le même que celui d'une bonne chaudière sans condensation. Et ce pour une raison très simple, que traduit très bien la courbe (mal connue de beaucoup trop d'intervenants) représentant l'évolution du rendement d'une chaudière (à condensation) en fonction de la température d'eau. Tant que cette température n'est pas suffisamment basse - en gros tant qu'elle excède 50 à 60 °C (la condensation n'ayant pas lieu) - le rendement est sensiblement celui d'une chaudière normale. D'où de nombreuses déceptions d'usagers, dont nous avons actuellement un exemple frappant en Grande-Bretagne.

Quel est cet exemple ?

La Grande-Bretagne a, pendant plusieurs années, connu la présentation euphorique des chaudières à condensation que nous connaissons actuellement en France. Et ce avec un succès incontestable, le marché anglais de la chaudière à condensation étant devenu l'un des plus développés. Du moins pendant quelques années, car les usagers se sont progressivement rendu compte que les économies annoncées n'étaient pas atteintes. Résultat actuel : une décroissance de fait du marché des chaudières à condensation. Le recul type (que nous avons souvent connu depuis plus de 60 ans) frappant périodiquement les systèmes vantés sans précaution, l'énergie solaire à tout va par exemple. Avec ces systèmes qui peuvent être effectivement efficaces dans certains cas (les chaudières à condensation incluses), mais pas n'importe comment, il est essentiel de s'adresser à des intervenants compétents, et non pas à des lecteurs aveugles de documents simplistes.

Roger CADIERGUES

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