Sommes-nous sous RT 2005 ou sous RT 2000 ?

Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019

Après l'informatique revenons à un autre de nos soucis: l'énergétique. D'autant que nous ne savons plus très bien quelles règles adopter. "Sommes-nous sous RT 2000 ou sous RT 2005" telle est la question bizarre posée par quelques correspondants, dont deux constructeurs étrangers. Aussi curieux que cela puisse paraître c'est bien une question valable.

Qu'entendez-vous par là?

La majorité des spécifications de la RT 2005 (arrêté du 24 Mai 2006) fait état de valeurs limites pour certaines caractéristiques thermiques des bâtiments. Mais, ce faisant, il est fait obligatoirement référence à des documents … qui ne sont toujours pas parus. Pour le moment, outre le décret du 24 Mai 2006 (qui définit les principes) nous ne disposons que de l'arrêté précité de Mai 2006.

Quels sont les documents non encore parus ?

Pour l'essentiel les deux suivants :

- celui concernant les valeurs des coefficients de transmission U et Y (les règles Th),

- celui concernant le mode de calcul de la consommation surfacique conventionnelle Cep.

Est-ce si important ?

C'est très simple, et c'est ce que j'ai pu répondre à un expert : le décret et l'arrêté précités (2006) ne sont pas juridiquement applicables. Il faut donc se retourner vers la RT 2000. Cela c'est la réponse théorique, mais en pratique comment peut-on faire. Voici ma position :

1. Il est clair que, pour les valeurs U et Y on peut certainement se contenter des valeurs "anciennes".

2. Par contre, surtout pour les bâtiments rafraîchis, le calcul du coefficient Cep est impossible.

Peut-on, quand même, y obvier ?

Ce serait peut-être facile si le coefficient Cep n'était pas aussi arbitraire. Il est défini comme la consommation annuelle surfacique d'énergie primaire d'un bâtiment pour le chauffage, la ventilation, le refroidissement, la production d'eau chaude et l'éclairage, la surface de référence étant la surface hors œuvre définie au Code de la Construction. Etant donné les incertitudes concernant le climat et le comportement des utilisateurs, ce ne peut être qu'une valeur conventionnelle. Tant bien que mal on peut, sans doute, adopter une convention assez valable pour le chauffage et - à la rigueur - pour l'eau chaude, mais il faut beaucoup d'audace pour en convenir en ce qui concerne la gestion de la ventilation, de l'éclairage et du rafraîchissement. Avec des risques d'écarts énormes aux réalités. Et surtout avec un choix extrêmement difficile des conventions. En fait l'Europe, pas plus que d'autres continents, ne semble avoir surmonté cette situation.

Que voulez-vous dire par là ?

Tout simplement qu'en s'accrochant à des spécifications globales, on crée des obligations relevant beaucoup plus de décisions théoriques que de décisions pratiques.

Cela veut-il dire que vous contestez le choix d'une consommation de référence ?

Absolument. Très vite, depuis la première crise je me suis heurté, en matière de réglementation thermique à la logique technocratique selon laquelle il n'y a que la référence globale qui soit satisfaisante. Une logique qui n'a fait que s'amplifier par la suite. Pour aboutir à trois conséquences lamentables : des difficultés (de spécification) de plus en plus incontournables, des résultats très inférieurs à ce que l'on pourrait attendre d'une réglementation saine, des contrôles finalement inexistants alors qu'avec des spécifications simples les contrôles seraient inutiles. Il faut croire que le simple "n'est pas digne de notre niveau".

Que faudrait-il faire ?

Préférer les démarches que j'appelle "éclatées". Je vous propose d'y revenir la semaine prochaine. Notre objectif ne devrait pas être de respecter des textes (finalement très imparfaits) mais de parvenir aux meilleurs résultats possibles. Nous verrons progressivement - du moins je l'espère comment.

Roger CADIERGUES

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