Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Face aux difficultés multiples que vous rencontrez probablement, est-il quand même possible d'envisager quelques améliorations. Un fait est certain : nous ne pourrons y parvenir sans tenir compte de la multiplicité croissante des intervenants de notre domaine. Sera-t-il possible de prévoir, par exemple, ce que vont finalement devenir nos métiers. En tous cas nous ne pourrons le faire sans prendre en compte un phénomène fondamental : le génie climatique et énergétique (puisqu'il faut bien coupler les deux) connaît actuellement une croissance débordante, qui semble devoir s'accélérer plutôt que de ralentir. Comment cerner et discipliner cette croissance, c'est finalement la question que nous devons d'abord nous poser.
Quelle en est votre conclusion ?
Elle n'est pas unique, et - schématiquement - elle est double : d'une part pour ce qui concerne les activités traditionnelles, d'autre part pour ce qui concerne ce que nous appellerons les activités "nouvelles". Les rythmes de croissance en sont différents. Les activités traditionnelles, c'est-à-dire le chauffage aux combustibles classiques et à l'électricité connaissent un rythme de croissance toujours soutenu mais limité, probablement proche de 10% par an ou plus. Alors que les activités "nouvelles" connaissent un rythme de croissance double (en ordre de grandeur). Il faut, bien entendu, tempérer cette constatation en remarquant que les activités "nouvelles" ne représentent encore que 10% de l'activité générale. Mais il faut également remarquer qu'au point où nous en sommes les activités "nouvelles" pourraient bien représenter 20% de l'activité globale dans 10 ans. C'est donc une refonte importante des marchés plus ou moins en cours. Encore faut-il voir si ce déport apparent des activités ne cache pas des illusions.
Quelles sont donc ces activités "nouvelles" dont vous suspectez l'importance ?
Le développement de ce que l'on appelle, en partie à tort d'ailleurs, celui des énergies renouvelables : le solaire thermique et photovoltaïque, le bois énergie, et plus ou moins (pour ce qui nous concerne) l'éolien. En y ajoutant, selon l'habitude, les pompes à chaleur.
Pensez-vous vraiment que les entreprises actuelles puissent répondre à cette situation?
Soyons clair : le solaire thermique, le bois énergie et les pompes à chaleur ne posent que des problèmes pouvant être surmontés. Et ce aussi bien du côté des fabricants de matériels que du côté des installateurs. Je suggère, par contre, que le cas du photovoltaïque soit mis à part.
La faiblesse des intervenants est pourtant le défaut parfois mis en cause ?
C'est une critique facile, d'autant que le paysage professionnel est très varié. Mais il est vrai également que les entreprises connaissant actuellement la croissance maximale d'activité sont les petites entreprises, de 5 à 9 personnes. Ce qui signifie bien que le marché est fort diffus. Ce marché est, d'ailleurs, de plus en plus soutenu et encadré, en particulier grâce à l'ADEME : j'en veux pour preuve le développement, depuis début 2006, de l'organisme Qualit'EnR, avec ses deux "quasi-labels" Qualisol (pour le solaire thermique) et Qualibois (pour le bois énergie). Sans oublier, très parallèlement, QualiPAC pour les pompes à chaleur.
Nous avons pourtant connu, par le passé, et dans ces domaines dits "nouveaux", des cycles de réussite suivis d'échec ?
Certes, mais ces cycles et "contre-cycles" ont souvent été très mal analysés. Ce qui fait le plus de tort aux énergies renouvelables se sont les enthousiasmes béats.
Que voulez-vous dire par là ?
Quelles qu'elles soient ces énergies dites "nouvelles" ont
leurs faiblesses. Vouloir les ignorer conduira tôt ou tard à de
nouveaux retournements de cycles. Dénoncer ces faiblesses ce n'est pas
renier ces énergies, c'est au contraire souhaiter leur réussite.
Mais, pour cela, il faut prendre chaque application séparément.
Et ne pas hésiter à dénoncer les faiblesses face à
des affirmations utopiques.
Roger CADIERGUES