Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
26 Avril 2010
Je vous ai, la semaine dernière, entretenu de mon opposition absolue à l’utilisation de simulations numériques compliquées et dangereuses – et abusivement complexes – donc coûteuses - pour les prévisions de consommation, du moins dans les cas les plus fréquents. Or il existe, ou existera, des règles françaises (dites RT) qui légaliseront plus ou moins ce mode de calcul, en particulier celles à paraître ces prochaines années : les règles RT 2012.
Ces règles n’étant pas encore publiées : peut-on néanmoins en savoir le contenu ?
Leur contenu définitif non, mais leurs principes peut-être. Du moins à partir des rapports parlementaires qui en assurent plus ou moins la préparation. Je songe en particulier aux deux rapports suivants, qui ne sont d’ailleurs pas totalement cohérents :
. le plan (Janvier 2009) dit « bâtiment Grenelle »,
. et le rapport (Décembre 2009) de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
En principe :
. en 2012 tous les nouveaux bâtiments seront « basse consommation » (BBC),
. en 2020 tous les nouveaux bâtiments seront à « énergie positive » (BEPOS), produisant chacun plus d’énergie qu’il n’en consomme.
Soit dit en passant, aucun rapport ne fournit la réponse aux questions fondamentales qu’on devrait se poser.
De quelles questions fondamentales voulez-vous parler ?
Ma première question est la suivante : quel est le critère économique (y en a t-il même un) qui a permis de décider le niveau « BBC » (ou BEPOS) ceci d’ailleurs sans savoir comment ce sera financé face aux exigences de volume considérable de construction (bien supérieur à l’actuel) qu’il faudra impérativement prévoir.
Ma deuxième question est la suivante : en BEPOS que fera t-on de l’énergie produite quand elle sera excédentaire (plein été) dans le cadre des besoins publics.
De plus, attention, les dates précitées ne sont pas celles d’application.
Que voulez-vous dire ?
Cette nouvelle réglementation thermique, basée toujours sur la consommation primaire maximale de 50 kWh/m² par an, s’appliquerait :
. à partir du 1er Janvier 2011 pour les bâtiments publics et les bâtiments privés (bureaux, etc ...),
. à partir du 1er Janvier 2013 pour les bâtiments résidentiels.
De plus la RT 2012 s’appuie (crise d’optionnite aiguë évidente) sur des calculs informatiques qui devront être fournis par le CSTB, et utilisent de « nouveaux » coefficients :
. BBio, qui caractérise essentiellement le bâti et ses conditions d’utilisation (climat compris),
. C, qui caractérise les équipements,
l’ensemble, au regard des exigences actuellement prévues, n’étant pas facile à obtenir. En supposant de plus que les calculs adoptent désormais des valeurs réelles – et non pas des valeurs mensongères et irrationnelles.
Que voulez-vous dire par cette dernière remarque ?
Tous les pays du monde – ou presque – s’orientent de plus en plus vers des spécifications en dégagement de carbone, et non pas en énergie primaire (qui n’a aucun sens) : pourquoi la France ferait-elle exception ? Et pourquoi continuer à utiliser un coefficient faux de transformation en énergie primaire pour l’électricité. J’avoue ne pas comprendre du tout ces entêtements. Ils font d’ailleurs courir de sérieux risques aux projets en cours.
De quels risques voulez-vous parler ?
Les acrobaties dont je viens de parler pouvaient encore (juridiquement) passer avec les anciennes règles constitutionnelles. Il n’en est plus du tout de même aujourd’hui, avec la réforme de la constitution, les particuliers pouvant faire appel. J’avoue d’ailleurs avoir été consulté sur la possibilité de faire appel au Conseil Constitutionnel pour annuler la RT 2012 telle qu’elle est actuellement prévue. Car celle-ci, volontairement, biaise la vérité et les règles de la concurrence. En clair, si rien n’est fait, la RT 2012 risque de se heurter à de sérieux obstacles juridiques … et risque tout simplement de se voir – au moins partiellement - annulée.
Roger CADIERGUES
Si la RT 2012 devait conduire au tout gaz comme la RT 2005 a conduit au tout électrique (ou presque), et bien dans ce cas la RT 2012 serait une mauvaise réglementation thermique comme l'a été de ce point de vue la RT 2005
Voir http://www.infoenergie.eu/chargement/LA-CHALEUR-RENOUVELABLE.pdf