Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Le BEPOS nous amène naturellement vers un mode de vie plus sobre énergétiquement, un mode de vie plus humain au sein de la cité. Nos modes de vie changent et reviennent vers de vraies valeurs.
Vers un changement rapide des modes de vie
Transports collectifs, zones piétonnes, commerces de proximité, agriculture proche, …, auparavant dès que vous envisagiez de changer le métabolisme urbain, tous les sociologues vous tombaient dessus et vous prédisaient inertie, résistance au changement pour de nouveaux modes de vie. Est-ce que les modes de vie changent forcément lentement ? Non, les innovations sociétales sont légion qui bousculent nos modes de vie. Cela prendra probablement 10 ans mais moins de 20 ans ; cela a pris à peine 10 ans pour « le retour » au tramway ! C’est plus rapide que l’on ne pense.
Le changement est manifeste également dans le commerce de proximité. Le producteur vient au consommateur, les distances sont raccourcies pour faciliter la relation avec le consommateur. Celui-ci gagne en capital plaisir et en sécurité avec une relation de proximité. Le kilomètre à pied parcouru « raccourci » par l’animation créée par les devantures de commerce devient beaucoup plus agréable et sûr.
J’aime citer l’exemple de la sortie du métro d’Issy-les-Moulineaux où j’habite. Il y a le marché deux fois par semaine et chose curieuse, une fois le soir. C’est la première fois que je voyais le marché le soir, en remarquant que c’était à ce moment qu’il était le plus fréquenté, équivalent à celui du dimanche. Il faut dire que le marché du jeudi soir est en pleine activité. Les employés et les cadres au retour du travail, en sortant du métro font leurs courses et achètent souvent quelque chose. Des légumes, des fruits, des produits frais. Même si cela représente un petit panier, leur main étant prise par leur mallette, il leur reste toujours l’autre main pour prendre un sac de provisions. Le circuit est cours et pratique. Voilà le premier intérêt du commerce proximité.
Occupation d’une place publique, sans nécessité de construire un nouveau bâtiment, utilisation de la morphologie existante et apport d’intelligence au métabolisme. Une simple décision d’attribuer l’espace public et de changer le métabolisme : dans cet esprit, on peut imaginer que la même place devienne de manière éphémère, lieu culturel, lieu sportif, jardin d’enfants.
Vers une société heureuse
Dans un lieu dense avec une animation enrichie par ce marché, il y a beaucoup de monde qui discute avec des liens humains beaucoup plus intenses que dans un supermarché. Les producteurs locaux vous apprennent des choses, c’est la saison des poireaux, il n’y en aura pas tout le temps. De même pour les fraises de plein champ, … Dialogue social et intensité de vie sont présents ainsi qu’un niveau de sécurité élevé. Tout le monde a l’œil ! Sans oublier une qualité de vie et une vie au global plus économique.
Redécouverte des terres agricoles en zones périphériques, nouvelle organisation de la ville et des circuits courts, retour à l’artisanat local avec la fabrication 3D qui permet de fabriquer des matériaux que vous avez vous-même auparavant dessinés en 3D, …, la ville retrouve plus d’autonomie, plus d’autosuffisance et ainsi plus d’humanisation.
Cette ville tournée vers l’individu est plus humaine et plus libre. Elle est à l’opposé de la consommation « imposée » par une publicité manipulatrice – souvenons-nous de ce que disait un Président de TF1 sur les publicités (*) – La ville ainsi transformée dans son métabolisme nous rend moins addicts, moins manipulés, plus responsables.
Dans la ville durable à circuits courts, les échanges producteurs consommateurs sont directs sans intermédiaires inutiles. Les échanges ne sont pas tous obligatoirement monétisés, les circuits rapprochant les personnes, il est plus facile de se rendre des services. Les liens sociaux sont denses et je peux « être dans le circuit » des échanges même si je suis au chômage et en tirer un bénéfice au bout du compte. C’est au fond une réanimation de l’économie territoriale organisée localement qui va permettre à chacun de retrouver une place donc une utilité sociale et économique.
Le principe de la mondialisation n’est pas à remettre en question car il est utile pour un certain nombre de denrées et de biens. Fabriquer du vin partout localement n’a pas de sens. En revanche pour les fruits et légumes, l’excès de la mondialisation nous a fait perdre nettement en qualité.
La mondialisation doit être repositionnée sur ce pourquoi elle est indispensable ; elle doit compléter les économies locales revivifiées au lieu de les détruire.
Nous allons ainsi découvrir que reconquérir cette économie locale à circuits courts va nous donner plus de sens et de plaisir et nous permettre une reconstruction économique tirée par une autre croissance.
Le BEPOS nous a amené à envisager un changement de mode de vie et peut-être de société.
Qui l’aurait cru au départ ?
(*) En substance : la chaine fait des émissions qui mettent le téléspectateur en condition de supporter et d’apprécier la publicité.
Que verrons-nous dans les prochaines chroniques ?
La croissance verte. Verdissement des multinationales, verdissement de l’économie nationale et des économies locales ? Nous verrons cela dans les prochaines séries de chroniques tournées vers l’industrie et l’économie.
Nous verrons cela prochainement, …
Alain Maugard
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