Par Bernard SESOLIS, expert Energie Environnement le 06 Avril 2020
Chers lecteurs,
En cette période étrange que nous traversons, je me propose de rédiger des chroniques quinzomadaires, pour deux raisons.
La première est celle du temps disponible, tout relatif, dégagé par le confinement.
La seconde, parce que je considère que XPair, est un lieu privilégié d’échanges et de témoignages de ce que vivent les professionnels du bâtiment en particulier, ceux investis dans les grands chambardements en cours, comme le changement accéléré du climat, la dégradation spectaculaire de la biodiversité, l’invasion du numérique.
Ces papiers ont pour but de contribuer à formaliser des questionnements pour réfléchir, pour réagir, pour témoigner. Je n’ai aucun talent littéraire et suis rarement expert sur les sujets que j’aborde, sans modestie, vraie ou fausse, ou humilité. J’espère simplement que ces « éditoviraux » vous inciteront à exprimer vos expériences, vos ressentis et vos idées pour « le coup d’après » ou, si vous préférez, pour gérer la sortie de crise du secteur du bâtiment et renforcer la place de l’écologie.
Vos retours seront d’autant plus positifs qu’ils éviteront la polémique ou encore le niveau trop souvent proche de 0 des réseaux sociaux. Lâchez-vous ! Mais avec élégance et bonne foi. Profitez au maximum de cet espace de partages que nous offre XPair.
Les sujets sont évidemment très nombreux, tant ce phénoménal Covid 19 a d’impacts. Il touche déjà la moitié de la planète (3.8 milliards de personnes confinées à divers degrés) et toutes les sociétés.
Editoviral Covid 19, commençons par les chiffres …
Covid 19, les chiffres et comportement
Déjà plus d’un million de contaminés. En 76 jours, depuis le 10 janvier, 500 000 cas. Ces 8 derniers jours, 500 000 nouveaux cas ! 55 000 décès officiels dont 40 000 en Europe et moins de 4 000 en Chine. Il est vrai que les chinois sont des spécialistes de la com et de la réécriture de l’Histoire. Il paraîtrait que le Covid 19 pourrait avoir été introduit en Chine par un vecteur étranger ! Nous finirons bien par savoir … plus tard, mais trop tard, car leurs chiffres réels et leurs expériences nous auraient mieux informés pour combattre plus efficacement la pandémie.
Pour l’instant, tout le monde se bat pour acheter leurs masques ! Ils sont vendus aux plus offrants. Les américains poussent du coude ! « América first », bien sûr. Ils le sont déjà en nombre de cas (243 000) et très bientôt, en nombre de décès (record atteint : 1 480 en 24 h). La gestion de crise indigente de Trump n’y aura pas été pour rien. Et déjà 6,6 millions de chômeurs en plus. Cela l’empêcherait-il d’être réélu en novembre prochain ? Il serait bien imprudent de lancer des paris.
Quant à l’Europe, les italiens se souviendront longtemps de ses voisins malgré les excuses officielles de la présidente de la Commission Européenne. Déjà, presque seuls face à l’immigration, ils se sont faits montrés du doigt au début de la pandémie dans le vieux continent devenu incontinent.
Revenons aux masques
Les stocks français ont été gâchés. La capacité de fabrication a été externalisée vers la Chine. La France, comme beaucoup d’économies néo-libérales n’est devenue qu’une société de services indélocalisables pour lesquels les décideurs économiques ne peuvent pas exploiter le moins-disant social des pays en développement. Donc, la France, 6ème puissance mondiale, est capable de constituer des stocks de grenades lacrymogènes et de balles LBD pour la police, mais incapable de fabriquer ou de maintenir des stocks de masques pour les soignants et pour tout le monde ! Souvenons-nous des railleries subies par Arnaud Montebourg, quand il était en charge du Ministère du Redressement économique sous le quinquennat de François Hollande et qui prônait de reconstituer le tissu industriel et de ne plus compter sur le sud-est asiatique pour fabriquer tout ce qui nous est nécessaire. Il est toujours aussi virulent sur le sujet en déclarant en mars que « la mondialisation est finie ». Elle va peut-être changer, mais rappelons-nous les « leçons » de 2008 …
Revenons encore aux masques
Toujours aussi peu disponibles pour ceux qui doivent impérativement en porter. Et peut-être pour tous les autres également. L’ Académie de Médecine semble changer de discours aujourd’hui. Peut-être que l’exemple de Hong-Kong commence à entrer dans les neurones des sachants et des décideurs : 7 millions d’habitants dont 95% de chinois, confinés dans leur ville – 7 000 habitants par km² -, mais pas dans leurs logements (!) et avec seulement 600 cas et 4 décès au 31 mars après 3 mois de contamination. Ces chiffres ne sont pas issus du PC chinois … mais la conséquence du port du masque obligatoire pour tout le monde. Seules, les écoles sont fermées. Tous les commerces fonctionnent normalement.
Notre stratégie doit être maintenue
Notre stratégie, confinement drastique, distanciation sociale et lavage systématique des mains doit être maintenue. Mais si en plus, nous avions disposé du milliard de masques stockés depuis 2010 et actualisés, qu’en serait-il ? Il ne faut pas réécrire l’histoire certes, mais les chiffres sont têtus.
Il est probable qu’on nous demandera dorénavant, mais un peu tardivement, de porter systématiquement un masque. Cela devra se faire sans baisser la garde et en maintenant les consignes que nous appliquons depuis le 16 mars.
En attendant le prochain Editovirus
Et ce, d’ici une quinzaine, soyez prudents et portez-vous bien. Et si vous le souhaitez, lisez un article dans Libération du 2 avril de Johan Chapoutot, « Après cette histoire-là » qui dit mieux que je ne puisse le faire, ce que je pense de cette crise et de l’après-crise. Tous les thèmes essentiels y sont abordés avec une subjectivité proche de la mienne.
À propos de l'auteur
Bernard Sesolis
Consultant Energie - Environnement, Docteur en géophysique spatiale environnement, Bernard Sesolis a une longue expérience en secteurs publics (Ministère de l’Equipement) comme privés (fondateur et directeur des bureaux d’études Tribu puis Tribu-Energie). Auteur de nombreux ouvrages, il est également investi dans plusieurs associations (AICVF, Effinergie, ICEB...). il poursuit actuellement ses activités de conseil et de formation dans le domaine des bâtiments respectueux de l’environnement et soucieux des usagers