Par Nathalie TCHANG - Directrice du BET TRIBU ENERGIE
Le projet du bailleur social ICF Sablière consiste en la construction de 2 bâtiments distincts de 27 et 23 logements niveau Passif et quasi-BEPOS, d’une surface habitable totale de 3 310 m². Il se situe à Paris, dans la ZAC Clichy Batignolles, dans la rue René Blum nouvellement créée (17ème arrondissement) sur une parcelle qui n’était jusque-là pas construite.
ICF Sablière a été distingué en Octobre comme meilleur projet France catégorie Energies Renouvelables par les Green Building Solutions Awards, concours international organisé par le réseau Construction21.
La ZAC Clichy Batignolles fait partie intégrante de l’«écoquartier» Clichy Batignolles qui vise à l’exemplarité en matière de développement durable et d’environnement. Cette opération s’inscrit notamment dans le cadre des efforts de la Ville de Paris pour atteindre le « facteur 4 » (réduction d’ici à 2050, de 75% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2004).
Plan de masse
Philosophie du projet
La philosophie du projet consiste à proposer des solutions simples, efficaces et éprouvées pour répondre à des objectifs performantiels très élevés.
Un regard transversal a été nécessaire lors de la conception de ce projet pour atteindre non seulement un objectif élevé de performance énergétique, mais également une prise en compte de problématiques environnementales connexes : cycle de l’eau, aménagement extérieurs (rétention eaux pluviales, bio diversité, régulation thermique limitant le phénomène d'îlot de chaleur urbain), choix des matériaux (énergie grise, ...), chantier propre, déplacements doux, collecte pneumatique des déchets, etc ...
Le concept général est le suivant :
- fractionner les 50 logements en 2 bâtiments distincts, de manière à laisser pénétrer la lumière et maximiser les apports solaires et lumineux. Initialement le programme ne proposait qu’un seul bâtiment, mais cette architecture a permis à l’équipe de maîtrise d’œuvre de se démarquer
- réduction des besoins par une isolation et une étanchéité à l’air poussées (niveau d’exigence type passif)
- limitation des ponts thermiques
- traitement bioclimatique pour le confort d’été
- systèmes ultra-performants, mais financièrement justifiés
- compensation des consommations par des énergies renouvelables (ici photovoltaïque)
- réflexions poussées sur la qualité environnementale d’ensemble du bâtiment : les économies d’eau, le traitement des déchets, la qualité sanitaire de l’air et des matériaux, la végétalisation des espaces, …
Le Cahier des Prescriptions Environnementales et de Développement Durable (CPEDD) de la ZAC de Clichy Batignolles formulait les contraintes suivantes :
1. Energie :
. Respect Plan Climat et niveau BBC
. Ensemble chauffage + ECS < 34 kWhep/m²SHAB.an
. Ensemble électricité spécifique < 45 kWhep/m²SHAB.an
. Besoins de chauffage < 15 kWh/m²SHAB.an
. Production PV > 40 MWh(e)/an
. Durée d’ensoleillement hivernal dans la pièce de vie principale > 2h
. Etanchéité à l’air : n50 < 1,0 volume/heure
2. Confort thermique et éclairage naturel
. Moins de 30 heures au-dessus de 28°C à l’intérieur
. Indice d’ouverture (surface vitrée ramenée à la surface habitable) entre 20 et 25 %
. FLJ à respecter selon les typologies de pièces
3. Cycle de l’eau
. Consommation eau potable < 30 m³ / personne.an
4. Aménagements extérieurs
. Traitements visant à favoriser la rétention des eaux pluviales, la biodiversité et la régulation thermique
5. Matériaux
. Energie grise < 1500 kWhep/m²SHAB
6 Autres :
. Chantier propre
. Dimensionnement des locaux déchets
. Dimensionnement des locaux vélos
Par ailleurs, l’une des contraintes formulées était d’obtenir la certification BBC, via une certification « Habitat & Environnement », option Performance (option la plus ambitieuse).
Le cahier des charges imposait une exigence de résultats, mais certaines exigences de moyens étaient aussi présentes : obligation de raccordement au réseau de chaleur ; ventilation double-flux.
Dans ce cadre, Tribu Energie a développé des solutions de conception pour répondre à ces exigences, notamment:
1/ la récupération thermodynamique de chaleur sur les eaux usées
2/ la double isolation intérieur / extérieur
3/ la conception ultra-optimisée du réseau de bouclage ECS
1/ Récupération de chaleur sur eaux usées
Le système est principalement composé d’une cuve d’échange thermique et d’une pompe à chaleur eau/eau. Les eaux usées grises sont recueillies à une température moyenne de 29°C, et traversent une cuve où sont immergés des échangeurs de chaleur.
Ce sont ces échangeurs, dans lesquels circule un fluide caloporteur, qui vont alimenter en calories la pompe à chaleur du système qui produit une eau chaude sanitaire à 45°C.
Les eaux usées grises traitées sont ensuite rejetées à une température moyenne de 9°C dans le réseau d’assainissement.
Cette technologie est particulièrement intéressante pour plusieurs raisons :
- concomitance de la production d’ECS avec sa consommation (à la différence du solaire par exemple)
- performance (COP) de production très élevé et constant toute l’année (à la différence d’une PAC air / eau)
- valorisation d’une énergie qui serait perdue
Le système est prévu pour fonctionner en base, c’est-à-dire qu’il permet de préchauffer l’eau froide de sa température initiale à 45°C environ.
Le complément permettant d’atteindre la température de stockage (aux alentours de 55°C) est effectué par un échangeur de chaleur relié au réseau de chaleur urbain.
Tribu Energie a été moteur sur l’utilisation de cette solution, qui avait fait l’objet d’un suivi sur une autre installation précédente. Les COP mesurés ont été très satisfaisants, avec des résultats supérieurs aux attentes. Fort de cette expérience réussie, il a donc été décidé de remettre en œuvre cette solution sur ce projet.
2/ Double isolation intérieur / extérieur
Le concept de double isolation intérieur / extérieur est peu répandu en France, il présente néanmoins de nombreux avantages :
- traitements des ponts thermiques de plancher intermédiaire (grâce à l’isolation extérieure), mais aussi de plancher bas (grâce à l’isolation intérieure combinée à l’isolation sous chape) et de plancher haut (retour sur acrotère par l’isolant extérieur)
- atteint d’un Up exceptionnel, sans avoir recours à des épaisseurs trop importantes de chaque côté. Si tout l’isolant avait été extérieur, une épaisseur de 25 cm aurait été nécessaire, sortant ainsi des épaisseurs traditionnelles maîtrisées par les entreprises.
- surcoût maîtrisé par rapport à une isolation extérieur seule ; en effet le traitement traditionnel de l’électricité dans le doublage intérieur est réalisable avec cette technique, qu’il aurait de toutes les façons fallu faire avec un parement plâtre par exemple. La pose de l’isolant intérieur n’est donc pas un surcoût, seul le matériau de doublage isolant introduit un très léger surcoût.
Toutefois, cela nécessite de s’assurer que les problématiques de migration de vapeur d’eau sont correctement traitées. Le logiciel WUFI a été utilisé à cet effet.
3/ Conception ultra-optimisée du réseau de bouclage ECS
Un travail important a été réalisé pour l’optimisation du circuit de bouclage : en effet, les pertes en ligne sont malheureusement trop souvent sous-estimées et catastrophiques pour un bâtiment ambitieux. A titre d’exemple, elles auraient représenté sur ce projet, sans traitement particulier, environ 35% des consommations totales d’ECS !! Cela a nécessité de travailler sur plusieurs points :
- Limitation du nombre de colonnes montantes
- Surisolation du circuit de bouclage
Conception bioclimatique des bâtiments
Fragmentation en 2 immeubles :
- Maximiser l’accès à l’éclairage naturel
- Maximiser les apports solaires gratuits
- Minimiser le nombre de pièces aveugles
Tout projet ambitieux nécessite d’être suivi de manière ultra-rigoureuse, pour empêcher toute dérive. Le système de management pris pour modèle sur cette opération est le suivant :
Ensoleillement :
De nombreux outils ont été utilisés pour valider les choix de conception :
1- STD : le logiciel Pleiades Comfie a été utilisé pour les calculs d’héliodons qui ont permis de valider les heures d’ensoleillement dans les pièces de vie, et donc de valider les tailles des balcons.
Façade Sud Est profitant des apports solaires même au 21/12 midi - (NB les fenêtres des façades Sud Est ne sont pas représentées sur cette vue)
Façade Sud Ouest profitant des apports solaires aux équinoxes
Orientation traversante des logements :
- Favoriser la ventilation naturelle en été (confort d’été)
- Seuls les T1 sont mono-orientés, mais orientés Sud / Ouest pour bénéficier de la lumière.
Le calcul de simulation thermique dynamique (STD) Pleiades Comfie a permis de quantifier les surchauffes estivales, selon un scénario donné. Les protections solaires mises en place ainsi que les scénarios d’ouverture de baies ont conduit aux résultats suivants : moins de 26 heures au-dessus de 28°C à l’intérieur. Cela est notamment obtenu car les logements sont traversants, permettant de générer un fort débit d’air lorsque les fenêtres sont ouvertes. Le choix des protections solaires (persiennées avec passage d’air possible même en position fermée) a largement contribué au bon balayage par des débits d’air rafraîchissants.
Logements traversants, sauf les T1 qui sont mono-orientés mais orientés Sud / Ouest pour bénéficier de la lumière.
Le calcul STD a aussi permis de calculer le besoin de chauffage à 9.9 kWh/ m²SHAB.an, soit un niveau encore meilleur que le standard passif (besoin de 15 kWh/m²). Ce résultat est obtenu sans le triple vitrage, initialement imposé sur cette opération. La STD nous a permis de compenser les pertes liées à la suppression du triple vitrage par des performances accrues sur d’autres postes (murs, ponts thermiques, etc…). Les techniques employées représentent un coût inférieur au surcoût généré par le triple vitrage : il s’agit là d’optimisation technico-économique de l’opération.
Protections solaires:
2 types de protections solaires:
- Volets roulants (Sud / Ouest majoritairement)
- Volets coulissants persiennés sinon, permettant un passage d’air important en été (ventilation nocturne pour confort d’été)
Enveloppe :
Parois opaques, niveau d’excellence visé
MURS :
- Double isolation intérieure et extérieure, seule solution permettant les niveaux atteints
120 mm intérieur et 140 mm extérieur
Résistance thermique totale : R=8.45 m².K/W
Up < 0.125 W/m².K
TOITURE TERRASSE:
-200 mm extérieur
Up < 0.130 W/m².K
PLANCHER BAS SUR PARKING :
- Isolation en sous-face (150 mm) et sous-chape (60 mm)
+ retour d’isolation sur les poutres
Up < 0.155 W/m².K
Parois vitrées
- Doubles vitrages clairs 4/16/4, avec Ug < 1.1 W/m².K
- Menuiseries mixtes bois/aluminium : pour marier les avantages du bois (faible transmission thermique, faible énergie grise …) et ceux de l’aluminium (durabilité, faible épaisseur des dormants, etc …)
- Uw < 1.4 W/m²
- Grandes surfaces vitrées de façon à minimiser l’impact déperditif des montants, supérieurs à celui du vitrage
- Triple vitrage initialement envisagé mais abandonné:
. gain énergétique peu sensible
. Coût
. Difficultés de pose et éventuelles répercussions sur la qualité de l’étanchéité à l’air
Ponts thermiques
2- Trisco de l’éditeur Physibel : calculs ponts thermiques
Un calcul de ponts thermiques structurels liés à l’accroche ponctuelle des balcons a été réalisé afin de :
- quantifier la déperdition générée par le pont thermique et l’inclure dans le bilan
- vérifier que les températures de surface intérieures proches du pont thermique ne donneraient pas lieu à des risques de condensation.
Calcul du pont thermique structurel sous Trisco
Balcons : plancher collaborant (donc moins lourds), fixation par accroches ponctuelles de manière à limiter les ponts thermiques.
Mise en œuvre des balcons
Etanchéité à l’air
- Objectif : n50 < 1 vol/h
- Cad: « sous une dépression de 50 Pa entre l’intérieur et l’extérieur, les fuites dues à la perméabilité à l’air ne doivent pas dépasser 1 volume / heure »
- Correspond à un débit de fuite d’environ 0.4 m³/h.m² sous 4 Pa
Définition des volumes étanches:
A : Mise en œuvre d’un joint mousse pré-comprimé imprégné de résine synthétique (classe 1/ NF P 85-570 ), relevé latéralement sur les tableaux d’une hauteur de 100 mm environ
B : Pose d’une membrane flexible non-tissé d’une bande auto-adhésive à coller sur le dormant de la menuiserie
3- WUFI : réactions hygroscopiques des parois
Cet outil a été utilisé pour s’assurer que l’humidité éventuellement contenue dans le béton ne soit pas condamnée à rester bloquée dans la paroi. Les résultats montrent que, malgré la présence d’isolants à l’intérieur et à l’extérieur du béton, la teneur en eau du béton (et de la paroi) est sur une pente déclinante très légère : la paroi « s’assèche » très doucement, mais ne retient pas, ni ne confine la vapeur d’eau. Ce résultat a permis de confirmer les présences de pare-vapeur et les enduits hydrauliques perméables initialement prévus.
Teneur en eau paroi calculée sur 3 ans
4- Dialux : calcul de FLJ pour le confort visuel
Le PLU imposait des exigences importantes sur les emplacements des fenêtres, ce qui était très contraignant sur certaines pièces. Le confort visuel a été particulièrement vérifié, donnant lieu pour les pièces les plus défavorisées à des ajustements de tailles d’ouvrants. Malgré tout, pour un exemple défavorisé comme celui présenté ci-dessous (chambre au RdC avec vis-à-vis et fenêtre décentrée), le FLJ est tout à fait satisfaisant : on atteint un FLJ moyen de 1.65%, supérieur aux 1.5% traditionnellement recommandés en chambres.
Calcul FLJ pour une chambre
Systèmes constructifs et énergétiques
Enveloppe
- Système constructif : béton banché
- Murs : double isolation intérieur 120 mm / extérieur 140 mm pour un Up < 0.125 W/m²K
- Toiture terrasse isolée par 200 mm d’isolant (et pour partie végétalisée) : Up < 0.13 W/m²K
- Plancher bas sur parking : Isolation en sous-face (150 mm y compris sur retours de poutres) et sous-chape (60 mm) Up < 0.155 W/m².K
- Doubles vitrages clairs 4/16/4, avec Ug < 1.1 W/m².K
- Menuiseries mixtes bois / aluminium Uw < 1.4 W/m²K
- Balcons: plancher collaborant (donc moins lourds), fixation par accroches ponctuelles de manière à limiter les ponts thermiques
- Etanchéité à l’air : n50 < 1 vol/h, soit un Q4 ≈ 0.4 m³/h.m² sous 4Pa
Systèmes :
1. Chauffage
- Raccordement au réseau de chaleur urbain de la Ville de Paris
- Emission par radiateurs équipés de robinets thermostatiques hyper réactifs (variation temporelle = 0.40 K)
- La minimisation de l’effet paroi froide permet d’éviter les placements traditionnels (sous la fenêtre) et de placer les radiateurs au mieux pour minimiser les pertes de distribution.
Conduits de distribution très isolés – gain de 2 kWhep/m².an par rapport à une isolation traditionnelle
- Surtoiture photovoltaïque en toiture terrasse : 357 m² au total de panneaux poly-cristallins, représentant 55 kWc
2. ECS
Dans un bâtiment très performant, l’ECS représente le poste le plus énergivore (devant le chauffage).
Un système innovant : l’ERS - récupération de chaleur sur les eaux usées par une pompe à chaleur a été mis en place pour ces consommations. Avantages :
- Récupération d’une énergie jusque-là perdue
- Grande performance énergétique: COP atteignant 4.20
Ce choix a une incidence sur la conception :
- Prévoir un local au R-1 en aplomb des réseaux d’eaux usées
- Collecter les eaux usées d’une part et les EV et EP par ailleurs
Un travail important a été réalisé pour l’optimisation du circuit de bouclage : en effet, les pertes en ligne sont malheureusement trop souvent sous-estimées et catastrophiques pour un bâtiment ambitieux. A titre d’exemple, elles auraient représenté sur ce projet, sans traitement particulier, environ 35% des consommations totales d’ECS !! Cela a nécessité de travailler sur plusieurs points :
- Limitation du nombre de colonnes montantes : rapprochement des points de puisages dans le respect de la réglementation légionnelles. Le principe de colonnes montantes par gaine technique desservant 2 logements a été mis en place de manière à optimiser les réseaux. La distribution en gaine palière (c’est-à-dire sur le palier d’étage) est non-satisfaisante, pour plusieurs raisons : réseaux hydrauliques longs et coûteux (il faut en général plus de 2,7 m pour atteindre un point de puisage, alors que le rajout d’une gaine technique augmente de 2,7 m seulement la longueur nécessaire), temps d’attente important pour avoir de l’eau chaude, circuits encastrés non isolés participant notoirement à l’inconfort d’été.
- Surisolation du circuit de bouclage : une classe 5 a été retenue, permettant des pertes inférieures à 8 W/ml, alors que bien souvent les pertes sur un calorifuge traditionnel sont à 20 voire 25 W/ml. De telles pertes sont inacceptables car dans le cas d’un bouclage ECS elles ont lieu 24h/24 et 365 jours par an.
Les mesures ci-dessus permettent un gain de l’ordre de 10 kWhep/m².an par rapport à une solution traditionnelle (par exemple bouclage gaine palière, calorifuge classe 2)
3. Ventilation
Système de ventilation double-flux collective
- Récupération de chaleur sur air extrait > 80%
- Caisson collectif disposé en toiture terrasse
- Ventilateurs à faible consommation d’énergie
- Echangeur by-passable pour le confort en été et mi-saison
- Respect normes incendies avec extracteur C4 by-passable
- Etanchéité du réseau aéraulique classe C (test d’étanchéité effectuée par l’entreprise)
Schéma installation Double Flux collective - source Atlantic
4. ENR
Objectif de production de 40 MWh d’électricité, soit 29 kWhep/m².an
- Surtoiture photovoltaïque de 158 m² pour chaque bâtiment
- Orientation Sud privilégiée, désaxée par rapport à l’orientation du bâtiment
- Panneaux polycristallins
Surtoiture photovoltaïque, avec CTA double flux visible sous les panneaux PV
5. Maîtrise des consommations électriques
Eclairage des parties communes travaillé:
- hall et circulations : non permanent, circuits séparés, éclairage tubes fluorescents ballast électronique, sur sonde crépusculaire pour le hall, temporisé
- parking: tubes fluorescents « haut rendement », avec des ballasts électroniques, temporisés. Puissance < 3 W/m²
- Ascenseurs performants : moteur à vitesse variable, avec un dispositif de transmission sans réducteur de vitesse. Eclairage asservi, luminaires équipés de ballast électronique à cathode chaude ou à LED ; vitesse 1 m/s
Il est important en conception de s’accaparer aussi le sujet des consommations électriques des parties privatives (même si cela reste forcément partiel) : conception d'espaces pour faire sécher le linge naturellement au-dessus dans baignoires et sur les balcons) avec poses d'étendoirs, afin d'éviter le recours au sèche-linge.
6. Maîtrise des consommations d’eau
Robinetterie
- présence de robinets d’arrêt par logement
- qualité de la robinetterie certifiée NF (+ évier, lavabo, lave-mains, bidet, douche, etc ... : E1U3 et baignoire : E3 ou E4U3)
- clapet anti-retour NF
Economies d’eau :
- cuvette de W-C avec réservoir de capacité inférieure ou égale à 6 litres, disposant d’un mécanisme « à double commande »
- compteur individuel de classe C, accessible, sur l’alimentation en EF et EC de chaque logement
- comptage des consommations d’eau froide pour le nettoyage des espaces non privatifs
7. Autres aspects développement durable
- déplacements doux : locaux vélos bien dimensionnés (25 m² pour chaque bâtiment)
- débits de fuite sur la passerelle : traitement par espaces de pleine terre et prairies
- locaux déchets : collecte pneumatique des déchets via aspiration souterraine
- locaux déchets bien dimensionnés (17 et 27m²)
- énergie grise : un bilan basé sur des ratios moyennés permet de dresser un bilan d’énergie grise sur ce bâtiment, laissant entrevoir les pistes d’améliorations pour de futures opérations. Ce bilan, portant sur les systèmes constructifs seulement (et non les équipements techniques), est le suivant :
Répartition des sources d'énergie grise
Bilan énergétique et économique
Le chantier de construction s’est déroulé entre Août 2012 et Janvier 2015.
L’opération visait (et a atteint) un triple objectif de performance :
- Labellisation BBC Effinergie via une certification Habitat et Environnement, option Performance, délivrée par Cerqual
- Respect du plan Climat de la ville de Paris (50 kWh/m².an sans modulation géographique)
- Respect du Cahier des Prescriptions Environnementales et de Développement Durable (CPEDD) de la ZAC de Clichy Batignolles.
Bilans RT2005 (en kWhep/m²SHON.an), avec prise en compte du titre 5 (ERS Biofluides)
Un bilan basé sur une simulation thermique dynamique donne les résultats suivants :
- Besoins de chauffage : 9.9 kWh/m²SHAB.an (< 15 kWh/m²SHAB.an)
- Confort d’été : 26 h où Tint > 28°C
Calculs de consommation basés sur une simulation thermique dynamique (chauffage) ou sur une méthode statique pour les autres cas :
Répartition des consommations d'énergie primaire pour les usages dits collectifs ou livrés
Avec un coefficient de transformation en énergie primaire de 3.25 pour l’électricité (convention de calcul imposée par la ZAC), les consommations tous usages sont à 164.5 kWhep/m²SHAB.an. (dont 89 kWhep/m²SHAB.an pour l’électricité spécifique et la cuisson).
Avec cette même convention, le productible photovoltaïque escompté est de 49 kWhep/m²SHAB.an. Ainsi, la surtoiture photovoltaïque couvre environ 30% du total des consommations.
Niveau BEPOS-Effinergie :
Une estimation du niveau BEPOS a été réalisée, notamment par rapport à la définition qui en est fournie par le label BEPOS-Effinergie. Cette comparaison est à prendre avec prudence car il s’agit de résultats RT2005, alors que le niveau BEPOS Effinergie a été calé sur des niveaux RT2012.
Le résultat est le suivant pour le bâtiment n°1 (R+7) : Bilan Epnr = 77 kWhep/m².an alors que l’écart autorisé est de 72 kWhep/m².an, soit un surplus de 10%.
Malgré nos efforts et une conception optimisée, le niveau BEPOS Effinergie n’est pas atteint, même si l’écart est encore plus faible pour le bâtiment n°2, en R+6.
Nous pensons que le niveau demandé en BEPOS Effinergie n’est pas adapté pour les constructions au-delà de R+5 : en effet, à partir de cette hauteur, le coefficient Mpniv ne bouge plus, alors que la proportion de place disponible en toiture pour la production d’énergie (photovoltaïque notamment) continue de diminuer au fur et à mesure que le nombre d’étages augmente. Ainsi, l’installation photovoltaïque d’un bâtiment R+7 doit compenser autant d’énergie que pour un bâtiment R+5, alors qu’il y a 2 étages de plus (et donc plus de consommations) !
Cet exemple nous a d’ailleurs conduit à proposer de nouveaux coefficients Mpniv pour valoriser le niveau BEPOS des bâtiments supérieurs à R+5.
Notons que pour le moment, tous les bâtiments collectifs d’habitation niveaux BEPOS et disponibles sur la base de l’Observatoire Bepos mis en place par l’ADEME et Effinergie sont inférieurs à R+4 (la grande majorité est R+3).
Soumise à la RT2005, l’opération a fait l’objet d’une labellisation BBC Effinergie, via la certification « Habitat & Environnement » délivrée par Cerqual.
Dans le cadre de la certification « Habitat & Environnement », l’option « Performance » a été choisie, ce qui correspond à l’échelle la plus haute en terme d’ambition :
- les 7 thèmes du référentiel sont obligatoires (Management environnemental de l’opération, Chantier propre, Energie – Réduction de l’effet de serre, Filière constructive /Choix des matériaux, Eau, Confort et santé, Gestes verts).
- chaque logement de l’opération doit obtenir des notes minimum sur différentes rubriques (acoustique, choix des matériaux, confort visuel, économies d’eau, maîtrise des consommations électriques …)
Il n’y a donc pas de « cible » particulièrement traitée, étant donné que tous les thèmes du référentiel sont traités avec un niveau très important, et donc relativement homogène.
Toutefois, certaines exigences ont été obtenues avec une marge conséquente :
- niveau BBC Effinergie : Cep≈ 28 kWhep/m².an (avec seulement 12 kWhep/m².an de photovoltaïque déduits), pour une exigence à 65 kWhep/m².an
- étanchéité à l’air à 0.35 m³/h.m² sous 4 Pa, pour une exigence BBC Effinergie à 1 m³/h.m² sous 4 Pa
L’audit final n’a décelé qu’une seule non-conformité qui a été levée immédiatement : il manquait le bon de livraison des bouches de soufflage et d’extraction du système de ventilation.
Les bâtiments ont donc obtenu les certifications H&E option Performance.
Maîtrise d'œuvre et architectes
Antonini Darmon
Maître d'ouvrage
ICF La Sablière
Bureau d'étude énergie et développement durable
Tribu Energie
- Surface du terrain : 1543 m²
- Surface au sol construite : 40 %
- Espaces verts communs : 870
- Parking sous terrain de : 38 places
- Locaux vélos de 25 m² pour chaque bâtiment
- Surface nette : 3 310 m² SHON
- Coût de construction : 7 200 000 €
- Coût des systèmes d'énergies renouvelables : 161 000 €
- Nombre d'unités fonctionnelles : 50 logements
- Coût/m² : 2 175 €/m²
- Coût/Logement : 144 000 €/Logement
Par Nathalie TCHANG
Nathalie TCHANG est Ingénieur et Directrice du bureau d'études « Energie et Développement Durable » TRIBU ENERGIE. Elle est également membre de l’association ICO et coordinatrice
du groupe de travail des applicateurs de la RT 2012.
SOURCES ET LIENS
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