Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
23 Mars 2009
Il est clair que beaucoup de pays se posent actuellement le problème de leur avenir énergétique. Il y a, manifestement favorisée souvent par la regrettable idée qu'il s'agit d'une solution nouvelle à laquelle on n'a jamais pensé, une tendance forte à se tourner d'abord vers les énergies " naturelles " dites renouvelables. Avec l'idée qu'elles peuvent actuellement nous apporter la solution miracle. Tous bilans faits, chaque pays se rend rapidement compte qu'il n'y a pas là une solution universelle. Et se remet à songer à l'énergie nucléaire, malgré - souvent - l'obstacle de l'opinion. Par une sorte de pudeur, les gouvernements prennent alors des décisions nucléaires sous une forme plus ou moins cachée. Nous allons essayer, aujourd'hui, d'y voir plus clair, sans cette crainte regrettable d'aborder le sujet. Qui n'est d'ailleurs pas le seul qui se heurte aux opinions subjectives sur lesquelles je reviendrai ultérieurement.
Que reprochez-vous à ces opinions ?
Qu'elles sont souvent très subjectives. Même sans insister sur le regret d'Angela Merkel d'avoir vu l'Allemagne abandonner le nucléaire, il faut bien noter que de nombreux autres pays ont fait le virage, souvent avec une certaine gêne.
Cette gêne est-elle très générale ?
Manifestement, chaque pays réglant le problème à sa manière. Prenez l'exemple de la Grande Bretagne. D'abord séduit par les indications des fournisseurs d'équipements d'énergies " naturelles " selon lesquelles le recours aux énergies renouvelables allait sauver le pays et créer de très nombreux emplois, le gouvernement britannique a d'abord penché pour cette solution. Mais une fois qu'il s'est rendu compte que les énergies "naturelles" ne suffiraient pas, que la création d'emplois sous-entendait des subventions gouvernementales très élevées, alors est revenu en première ligne l'équipement et le rééquipement nucléaire du pays. C'est actuellement en cours, en particulier avec l'aide d'EDF. Ce n'est pas une situation unique, l'exemple suédois étant probant à cet égard.
Quel est cet exemple ?
L'avantage de la Suède est que les positions y sont plus claires. En 1980 le pays s'est prononcé, par référendum, pour l'arrêt de l'utilisation de l'énergie nucléaire en 2010. Une décision aboutissant, normalement, à la fermeture progressive des centrales existantes, et à leur non-remplacement dans les trente ans. En fait cette date limite a déjà été abandonnée en 1987, une fois démontré que les ressources alternatives seraient insuffisantes. Il est même désormais envisagé - mais c'est un sujet de controverses politiques - que la production d'électricité repose uniquement sur deux sources essentielles : l'hydraulique et le nucléaire, ce dernier prenant une place majeure.
Quelles en sont les conséquences sur le plan de nos équipements ?
Des conséquences directes fortes puisque la Suède prévoit, pour le chauffage, que les combustibles fossiles seront progressivement abandonnés d'ici 2020. Ils seront, sous-entendu, plus ou moins remplacés par l'électricité.
Est-ce une décision définitive ?
Au sens strict non, car c'est encore (en Suède) un sujet de divergence entre les partis politiques. Mais je ne vois pas très bien comment la Suède pourra refuser les réalités. A mon avis, tous les autres pays devraient tenir compte de cet exemple, la Suède étant probablement le seul pays où les discussions énergétiques sont, actuellement, vraiment publiques et ouvertes. Un pays où la situation énergétique n'est pas exceptionnelle, même si - ailleurs - d'autres énergies renouvelables que l'hydraulique puissent jouer un certain rôle. Ceci dit, en restant en Suède, je ne suis pas sûr que les conséquences en matière de chauffage aient été bien vues par tous.
Que voulez-vous dire par là ?
Pour revenir à la France, un bon nombre de nos compatriotes sont choqués quand on parle de chauffage électrique. Ils ne le sont plus quand on parle de pompe à chaleur ou de voiture électrique, qui deviennent même des références écologiques. A vous de trouver la logique de ce comportement. Mais il nous reste encore un "problème atomique" grave, celui des déchets : j'y reviendrai la semaine prochaine tant il y a là d'idées et d'affirmations fausses.
Roger CADIERGUES