Par René CYSSAU Consultant équipement du bâtiment, ex ingénieur en chef du COSTIC
Pour induire un comportement économe, la principale solution - si ce n’est la seule - consiste à présenter clairement l’information de la consommation, qui fera la facture. La sensibilisation à la nécessité de préserver les ressources collectives vient en appui. Economie pécuniaire fait vertu.
Des solutions nouvelles émergent, mais pour induire des comportements vertueux chez le plus grand nombre, elles ne présentent pas toutes ces deux facilités :
- Facilité d’accès à l’information et pas d’action particulière requise pour accéder au signal de la consommation,
- Facilité d’action à proximité, pour concrétiser l’effet du signal prix : commande ou réglage d’une consigne, …
Des constats tendent à montrer que les températures ambiantes choisies dans l’habitat sont en hausse, à l’échelle de décennies. Après l’amélioration énergétique d’un logement, le raisonnement : "mon équipement consomme moins d'énergie, je peux donc demander une température plus élevée " peut annihiler tout ou partie des économies annoncées, un effet qualifié de « rebond » de la consommation.
L’étude du Centre d’Analyse Stratégique [1] décrit ce phénomène.
Il faudrait pourtant qu’après une amélioration énergétique le rebond soit celui du comportement vertueux.
Affichage nécessaire des consommations
Un comportement vertueux vient de la connaissance de la consommation qui renvoie au prix à payer.
La conscience de réduire le gaspillage d’une ressource de la planète constitue une incitation, elle doit être présente, mais constatons qu’elle est secondaire.
Dans l’enquête du CRÉDOC« Conditions de vie et aspirations des Français » menée en juin 2010 (citée en [2]), une question a permis de mesurer les déclarations d’usagers en matière d’économie du chauffage. Extrait : 63% de nos concitoyens déclarent avoir volontairement cherché à limiter leur consommation de chauffage au cours de l’année et, parmi eux, 85% reconnaissent que c’est plutôt pour alléger leur facture plutôt que dans le but de contribuer à préserver l’environnement.
Les solutions technologiques les plus efficaces devraient être celles qui offrent la plus grande simplicité d’usage, satisfaisant ces deux principes :
- Un affichage aisément lisible, ne nécessitant pas - ou très peu - d’actions pour y accéder.
- Un moyen d’action sur la consommation associé - ou mieux à proximité - de l’affichage.
Pour qu’un affichage ait les meilleures chances d’être suivi par une action, il faut en effet qu’il soit en relation - aussi directe que possible - avec le moyen d’action.
Qu’il s’agisse d’électricité ou de gaz, les compteurs « intelligents» sont de fait des compteurs communicants, leurs fonctions visibles sont des affichages détaillés mais ils sont placés dans des espaces qui ne permettent pas de les lire aisément.
Les compteurs électriques Linky vont remplacer 35 millions de compteurs. Quelles économies peut-on en attendre ? Selon le rédacteur de l’article « compteur communicant » dans Wikipédia : en permettant un suivi de consommation, ces systèmes permettraient de réaliser des économies d’énergie de 5 à 15 %, en favorisant de meilleures pratiques. Quelles études de terrain permettent d’avancer ces résultats ? Est-ce réellement l’effet d’un affichage amélioré sur le compteur ? La moitié environ des compteurs sont installés à l’extérieur du domicile : couloir de l’immeuble, cave, jardin. Même à l’intérieur du logement, le compteur n’est généralement pas à portée du regard.
Plusieurs solutions peuvent combler cet inconvénient
L’affichage peut être déporté dans les locaux de vie via un dispositif déporté ou un réseau avec ou sans fils. Mais ce matériel relève de la propriété de l’usager.
L’affichage peut aussi se faire via le WEB, lisible par ordinateur, smartphone, tablette…avec la nécessaire protection des données de la vie privée.
Une étude sociologique riche de renseignements avait apporté cette conclusion : « La contrainte coût du chauffage n’est pas susceptible de provoquer la recherche du meilleur réglage du thermostat programmable au-delà du savoir technique habituel (ou culturel) de l’usager ».
Cette étude* menée en fin des années 80’ sur le sujet de la programmation automatique du chauffage renvoie maintenant à l’usage des outils numériques personnels pour surveiller ses consommations et agir.
* Référence : DARD Philippe et Catherine SKODA « Significations et pratiques associées au chauffage programmable en maison individuelle, étude de cas ; les jardins d’émilie – Villecrest et Val Fleuri II ». Etude CSTB/DC/PCA n° 80 61 256.
Figure 2 - Des affichages des consommations d’énergie qui viennent de compteurs et de répartiteurs
sont complétés par des informations connexes sur des écrans interactifs. Photos VERTUOZ, GDF Suez.
Des expérimentations visant à encourager les économies d’électricité domestique par des incitations comportementales utilisant différents systèmes sont menées. Cinq d’entre elles sont présentées dans le document du Centre d’Analyse Stratégique [1].
Des propositions pour la proximité affichage – action : il serait judicieux que chaque appareil ou dispositif de commande affiche une quantité d’énergie ou indique un niveau de consommation (figure 3). Pour les appareils les plus consommateurs d’électricité, il serait utile d’agréger les consommations qu’ils affichent par un réseau de communication interne, relié ou non au compteur général.
Figure 3 - Une proposition*: associer aux réglages individuels un retour visuel de l'effet : le niveau d'énergie
* Etude de l'Office Fédéral des constructions et du l'aménagement du territoire allemand (auteurs : Schärfl Alois, Jürgen Pfitzmann, Wotan Wilden). citée dans la chronique : Nouvelles performances avec un comportement économe actif !
Le cas des répartiteurs des frais de chauffage placés sur les radiateurs : le robinet est à portée de main, auprès de l’affichage. La proximité affichage-action induit des comportements attentifs, figure 4. Cette proximité est a priori un élément important dans le résultat des économies constatées par ce procédé. Dans l’étude ADEME, COSTIC, Syndicat de la Mesure (Etude socio-technique « Maîtrise de la demande d’énergie par les services d’individualisation du chauffage » menée de 2004 à 2006) des suivis de terrain ont consisté à comparer les consommations avant-après la mise en place d’une individualisation, des économies d’environ 10 à 20 % ont été observées selon les sites. Des résultats plus détaillés de cette étude seront présentés dans une prochaine chronique.
Figure 4 - La proximité affichage-réglage favorise les comportements économes, c’est le cas des répartiteurs des frais du chauffage à eau chaude.
* Etude socio-technique « Maîtrise de la demande d’énergie par les services d’individualisation du chauffage » menée de 2004 à 2006 (ADEME, COSTIC, Syndicat de la Mesure).
Selon un sondage de l’Institut Louis Harris menée pour le SDCR (Syndicat du Comptage et de la Répartition), en 1990, 69% des personnes interrogées considéraient que la répartition du chauffage au prorata des surfaces conduit à des gaspillages, 89% se disaient très favorable ou assez favorable à un système de répartition individuel, 94% pensent que cela conduirait à économiser l’énergie.
Selon une étude plus récente du CREDOC, l’individualisation est souhaitée par une très large majorité des Français, 95 % d’entre eux estiment équitable d’être facturés en fonction de leurs consommations individuelles.
Dans l’étude socio-technique (ADEME, COSTIC, Syndicat de la Mesure) citée plus haut, le sociologue Christophe Beslay a interrogé des usagers équipés d’une individualisation ou en passe de l’être. 91% considèrent qu’il est important ou très important d’agir pour réduire les consommations d’énergie dans le logement. 82% estiment qu’il est envisageable de changer leurs habitudes de chauffage pour préserver l’environnement.
Cette notion d’équité se résume simplement par des formules comme « consommateur – payeur » ou «réduire les dépenses de chauffage fait vertu».
C’est sur cette base que des services individualisation se décident dans des assemblées de copropriétaires ou dans des offices d’HLM. Pourtant peu de logements collectifs en sont équipés.
Dans tous les logements chauffés individuellement, comme dans certains immeubles tertiaires, l’utilisateur est le payeur, au prorata de sa consommation. Mais dans les 5 millions de logements chauffés collectivement par un système à eau chaude, la dépense de chauffage est couramment facturée au seul prorata des tantièmes, plus rarement en tenant compte du comportement. Environ 90 % du parc, soit 4,5 millions de logements n’ont pas d’incitation pécuniaire à l’usage du chauffage par l’individualisation. C’est dans ces logements que l’on relève les températures les plus élevées : 21, 22 °C, voire plus.
Alors pourquoi seulement 10 % des immeubles qui bénéficient en France d’un chauffage collectif sont individualisés ?
Les solutions techniques pour équiper les radiateurs à eau chaude existent depuis longtemps : répartiteurs à évaporation, répartiteurs électroniques afficheurs et transmetteurs par radio fréquences.
L’individualisation du chauffage collectif est couramment appliquée dans les pays du nord de l’Europe qui présentent des besoins de chauffage comparables à ceux de la France. Le taux d’équipement est d’environ 95% en Allemagne, 80% en Autriche, Danemark, 70% pour la Suède et le Benelux.
Pourtant, l’individualisation des charges du chauffage partagé par plusieurs habitants répond indéniablement à la notion d’équité. Par un effet direct sur le comportement, elle réduit à l’évidence les consommations.
Des raisons à ce paradoxe peuvent se trouver dans le passé.
La question de l’individualisation des charges de chauffage s’est posée dès les premiers développements du chauffage collectif en immeubles, au tout début du 20ème siècle. Le danois Clorius a inventé le répartiteur à évaporation, largement adopté ensuite.
Roger Cadiergues m’avait raconté : après la dernière guerre mondiale, la question de l’obligation de l’individualisation s’est posée en Allemagne. Les savants du domaine ont été interrogés sur l’intérêt de la mesure, ils ont demandé deux ans avant de répondre, le temps de mener des enquêtes et des suivis. Leur réponse a été positive, la pose de répartiteurs a été la règle au début des années 50’. Ils sont depuis très courants en Allemagne, on peut en voir dans des villes sur des panneaux publicitaires, dans des images de séries vidéo allemandes, sur tous les radiateurs des immeubles.
Un service d’individualisation ancien, anecdotique
Il a existé en Allemagne un service qui consiste au passage hebdomadaire d’un préposé qui demande aux usagers de chaque logement individualisé : « quels robinets de radiateurs voulez-vous que je ferme (il les plombe) jusqu’à mon prochain passage ? ». Le décompte annuel en dépend, évidemment.
De fait, constatons que cette procédure conduit les usagers à se poser les bonnes questions : Est-ce que je désire économiser ? Quels radiateurs mettre à l’arrêt ? Quelles sont les pièces pour lesquelles je tolère l’arrêt du chauffage ? Quelles seront les conditions météorologiques à venir ? Ils se posent ces questions au moins une fois par semaine. De fait, ce sont les mêmes questions que se posent ceux qui sont équipés d’une individualisation pour agir sur leurs robinets.
Une procédure archaïque, mais créatrice d’emplois !
Il m’avait dit aussi que la question de l’individualisation s’était déjà posée au moment de la première réelle crise de l’énergie en France, celle de la guerre du canal de Suez, en 1956. Mais aucun règlement n’avait été pris à cette époque, certainement à cause de certains opposants au principe.
En 1974, la première loi sur l’énergie stipulait : tout immeuble collectif pourvu d'un chauffage commun doit comporter, quand la technique le permet, une installation permettant de déterminer la quantité de chaleur et d'eau chaude fournie à chaque local occupé à titre privatif. Les décrets et arrêtés qui ont suivi cette loi n’ont pas été pris dans la précipitation !
Avant chaque édition de textes, des groupes de pression ont agi auprès des pouvoirs publics : les professionnels qui proposent le service d’un côté, les gestionnaires dont les instances nationales du logement social, de l’autre.
Le code de l’énergie de 2011 reprend la clause citée ci-dessus (article L241-9). Les derniers textes d’application datent de 2012, pour application obligatoire en 2017 [3,4].
L’intérêt de ces mesures a été mis en évidence dans le débat sur l’énergie lancé par le gouvernement. Pour le CESE [5] il convient de généraliser le système d’individualisation des charges de chauffage dans le collectif.
Constatons, du point de vue de l’ADEME, du Ministère et du CESE, que toute mesure qui conduit à réduire des consommations d’énergie et à développer des produits et des services créateurs d’emploi est une bonne mesure.
Avant d’édicter les nouveaux textes qui renouvellent l’obligation d’individualiser en collectif [3,4], la question de l’intérêt économique dans les bilans financiers globaux des usagers s’est posée. C’est une bonne question.
Pourtant cette bonne question ne semble pas avoir été posée en préalable à la rédaction de la RT2012 pour beaucoup de ses clauses.
L’article 23 de l’arrêté du 26 octobre [6] impose que les maisons individuelles et les logements en bâtiments collectifs soient équipés d’un système permettant de mesurer ou d’estimer la consommation d’énergie. Il doit délivrer l’information dans le volume habitable, au moins une fois par mois, par type d’énergie selon, a minima, la répartition suivante :
– chauffage ;
– refroidissement ;
– production d’eau chaude sanitaire ;
– réseau prises électriques ;
– autres.
Ne contestons pas les qualités potentiellement vertueuses de cette obligation réglementaire pour le neuf, mais la réponse à la question de l’intérêt global coût-économies de ces systèmes dans l’habitat n’est pas acquise, sa faisabilité technique fait aussi poser des questions. De plus, les clauses qui portent sur les moyens de commande et de régulation sont disjointes des clauses qui stipulent les moyens de mesure ou d’estimation des consommations.
Les promesses d’une consommation réduite du chauffage font de nouveau poser la question du comportement des usagers, l’incitation aux comportements économes est une préoccupation chez ceux qui traitent l’efficacité énergétique des bâtiments.
Qu’il s’agisse des usages dans des bâtiments existants ou des bâtiments actuels, la préoccupation du comportement ne doit pas différer, les solutions sont les mêmes.
Le principe est simple : la réalité du coût des consommations est le moteur du bon comportement, il se concrétise en mettant à disposition des réglages facilités, aussi proches que possible de l’affichage.
Dans les bâtiments neufs ou rénovés qui présentent des besoins de chauffage réduits, la maîtrise des consommations (limiter l’effet « rebond ») passe par les mêmes moyens incitatifs. Des systèmes qui mettent en jeu des solutions technologiques nouvelles émergent, en association ou non avec des nouveaux compteurs ou avec des répartiteurs : figure 2.
Il reste que le sujet de l’individualisation des frais de chauffage en collectif fait poser ces questions : Pourquoi cette solution technique éprouvée depuis longtemps, reconnue pour induire des économies, équipe encore si peu de bâtiments ? Le développement de l’individualisation en collectif ferait-il encore l’objet de controverses franco-françaises ? Quelles économies ont-elles été réellement observées ?
Des éléments de réponse seront présentés dans une prochaine chronique.
par René CYSSAU
Consultant équipement du bâtiment, ex ingénieur en chef du COSTIC, René CYSSAU est l'auteur d'ouvrages techniques et a été rédacteur en chef de la revue PROMOCLIM
René CYSSAU a également présidé à l'élaboration de la norme européenne NF CEN/TS 15810.
Sources & liens
[1] CAS, Centre d’Analyse Stratégique. Comment limiter l’effet rebond des politiques d’efficacité énergétique dans le logement ? L’importance des incitations comportementales
Note d’analyse n°320 Février 2013
http://www.strategie.gouv.fr/content/limiter-effet-rebond-efficacite-energetique-logement-na320
[2] CREDOC, Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie. Les Français avancent à grands pas sur la longue route écologique
Cahier de recherche n° 272 Décembre 2010
http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C272.pdf
[3] Décret n° 2012-545 du 23 avril 2012 relatif à la répartition des frais de chauffage dans les immeubles collectifs
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000025743279&dateTexte=&categorieLien=id
[4] Arrêté du 27 août 2012 relatif à la répartition des frais de chauffage dans les immeubles collectifs à usage principal d'habitation
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000026344847&dateTexte=&categorieLien=id
[5] Conseil Economique, Social et Environnemental Efficacité énergétique : un gisement d'économies, un objectif prioritaire
Séance des 8 et 9 janvier 2013, présenté par Anne de Béthencourt et Jacky Chorin
http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2013/2013_01_efficacite_energetique.pdf
[6] Arrêté du 26 octobre 2010 relatif aux caractéristiques thermiques et aux exigences de performance énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022959397&dateTexte=&categorieLien=id
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La remarque de Bernard pour pertinente qu'elle puisse être ne s'applique en tout état de cause qu'aux bâtiments récents ou lourdement rénovés.
Pas grand-chose donc ! Pour 4.5 millions de logements la facture annuelle de chauffage va (pour 67m², surface moyenne du logement collectif français) de 400€ par an (ce qui représente 8 000 kWh soit 120 kWh/an/m² et correspond à la classe énergétique C) à plus de 1000€.
Pour tous ces logements, une individualisation avec un système de comptage garde tout son sens même si son coût peut "absorber" la moitié des économies potentielles. En effet si, comme toutes les études le montrent, on peut associer 20% d'économie d'énergie moyenne au comportement individuel, le comptage est rentable pour la grande majorité des occupants. Une petite minorité, variable en fonction des immeubles mais souvent évaluée à 15%, payera autant voire d'avantage avec les compteurs. Bien que la consommation moyenne de l'immeuble ait été abaissée (grâce aux efforts des 85% d'habitants mobilisés, il faut le noter) ils devront désormais assumer leur besoins supplémentaires en chauffage. Presque comme s'ils avaient un chauffage individuel ! Je dis presque car les règles de facturation réglementaire en cas d'individualisation prévoient une part commune des frais d'énergie -désormais fixée à 30% - payée par tous les utilisateurs en fonction d'une clé fixe proportionnelle à la surface.
La lourdeur relative de la répartition individuelle ne doit pas détourner les usagers de cette réelle opportunité de mobiliser l'ensemble des utilisateurs d'un chauffage collectif. En leur livrant une information régulière sur leur consommation et sur les indicateurs de consommation de leur immeuble, l'individualisation les aide à en faire des consommateurs responsables.
On peut même dire qu'on entre dans une ère nouvelle qui rend familières à l'usager les notions de kWh, de DJU (degré jours unifiés, échelle de mesure de la rigueur des hivers), d'émission de gaz à effet de serre... Les difficiles décisions à voter en assemblée générale de copropriétaires pour la programmation des indispensables travaux de rénovation énergétique se prendront plus facilement avec des copropriétaires éclairés.
Pour donner un élément supplémentaire de réflexion à Bernard on peut même affirmer que l'individualisation lève à ce point le couvercle de l'obscurantisme de la vieille répartition aux tantièmes que les promoteurs immobiliers se déclarent prêts à installer des compteurs dans leurs immeubles BBC et RT 2012, alors même que ce n'est pas obligatoire. Après leurs déboires liés aux promesses non tenues de factures de chauffage de 50 kWh / m² (voire moins !) dans les premiers immeubles très basse consommation livrés, ils clament haut et fort désormais que le BBC sans comptage, c'est "chauffage open bar" et qu'on ne les y prendra plus à compter sur la seule "bonne disposition" des usagers à l'égard des économies d'énergie pour tenir les promesses faites par les calculs très théoriques de consommations !