Par Olivier PAPIN, Alexandre COLIN et Bertrand THUILLIER
L’arbre urbain est certainement le moyen le moins cher et le plus facile à mettre en oeuvre pour lutter contre le changement climatique et se prémunir de ses effets.
S'il ne nous exonère pas de politique de réduction de nos émissions ambitieuses, c'est un outil très pertinent au service des territoires.
Nos villes sont des sources d’émissions de gaz à effet de serre très importantes. Elles subissent déjà le changement climatique et l’on observe le phénomène d’îlots de chaleur urbains. Le besoin social de nature est grandissant dans un contexte d’urbanisation de plus en plus poussé où la biodiversité a des difficultés à se développer. Les villes sont aussi le siège de pollutions atmosphériques et les problèmes de santé liés à ces polluants ne cessent de croître depuis les allergies jusqu’aux problèmes respiratoires plus graves.
Les origines de ces problématiques environnementales urbaines sont variées mais on peut citer la forme urbaine, l’urbanisation, la conception architecturale, l’organisation spatiale des activités, les transports, ...
Il existe un outil qui peut résoudre une partie de ces problématiques : l’arbre
Aujourd’hui utilisé comme élément esthétique de valorisation du paysage, l’arbre urbain peut aussi avoir une valeur fonctionnelle forte pour atténuer les impacts environnementaux en milieu urbain.
L’arbre urbain même est en capacité de séquestrer le carbone atmosphérique et de le stocker sur sa durée de vie. Selon son essence, son âge, ses caractères morphologiques, ses conditions de plantation et de vie, sa maturité, il stockera plus ou moins de carbone.
En complément l’arbre urbain est un formidable atout pour le confort thermique urbain. Par l’ombrage qu’il apporte mais aussi par les quantités d’eau qu’il apporte dans l’atmosphère par évapotranspiration, l’arbre est un outil particulièrement efficace pour lutter contre les îlots de chaleur urbain.
La pollution atmosphérique est également une problématique sur laquelle l’arbre a un impact non négligeable. Capable de capter les poussières, les particules fines, de réduire l’impact des oxydes d’azote produits par les transports, de réduire l’impact de l’ozone ou des composés organiques volatils, l’arbre influe fortement sur la qualité de l’air en milieu urbain.
Participant au développement de la biodiversité, l’arbre est le support d’une faune et d’une flore souvent riche si les essences choisies sont adaptées au milieu régional.
Même s’il peut générer des nuisances tels que les allergies ou des risques, il n’en reste pas moins un formidable outil qui a fait ses preuves sur des millions d’années.
Planter des arbres en ville, c’est s’offrir l’ensemble de ses avantages actuels et futurs
La ville de New York a calculé que pour 1$ investi dans un arbre, il rendait 5,6$ de services à la ville.
Aujourd’hui, nous sommes capables d’évaluer les services qu’il nous rend. D’évaluer les quantités de carbone qu’il stocke et qu’il stockera à l’avenir, d’évaluer l’impact sur les îlots de chaleur, de préciser le rôle des arbres dans la préservation de la biodiversité, de mettre en avant son rôle dans la lutte contre la pollution atmosphérique.
Aujourd’hui, nous pouvons sur la base d’un recensement des arbres existants évaluer l’impact du patrimoine arboré sur ces questions. Nous sommes capables de réaliser des scénarios prospectifs de plantation visant à lutter contre le changement climatique en milieu urbain.
Quel serait l’impact d’une plantation si l’on imagine que dans 10, 15, 20 ans, la voiture n’occupera plus autant de place en ville et qu’il sera alors possible d’utiliser ces surfaces pour augmenter la canopée urbaine ? Quel sera l’impact de l’utilisation de ce bois, de sa valorisation en bois d’œuvre ou en bois énergie pour alimenter la production d’énergie renouvelable future ?
Ce sont ces informations sur l’impact du patrimoine arboré actuel et à venir qu’il est possible d’apporter aux collectivités. L’arbre est un formidable outil d’adaptation au changement climatique et autres problématiques environnementales urbaines et il doit être envisagé comme tel afin de lancer des politiques de plantations urbains ambitieuses.
Conclusion
Enfin, si cet article a surtout évoqué l’arbre en ville, nous souhaitons rappeler que c’est l’ensemble de la nature en ville qui joue un rôle : l’arbre, les cortèges végétaux qui les accompagnent, les plantes de trottoir, etc. et que ceux-ci proposent de nombreux services éco systémiques.
Alors, et en conclusion, nous incitons chacun d'entre nous, sur ces projets de bâtiments, d'urbanisme, d'aménagement, à garder une place pour la nature et ses fonctions éco systémiques.
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Par Olivier PAPIN Bureau d’étude ECIC à Bordeaux,
Alexandre COLIN paysagiste DPLG de l'Atelier Colin Poli Paysage
et Bertrand THUILLIER directeur du bureau d'étude Symbios'In
SOURCES ET LIENS
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Bonjour,
Le service Espaces Verts et Nature en Ville de la Ville de Valence (26 - Drôme) recherche un bureau d'études pour une mission d’étude thermographique de son territoire + lutte contre les îlots de chaleur urbain, puis dans un second temps, des scénarios prospectifs de plantation d'arbres associés directement à ce rapport.
Si éventuellement cette mission peut vous intéresser, merci par avance de votre retour afin que nous échangions sur ce sujet.