Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
22 avril 2006
Quelques interlocuteurs me posent la question suivante : quels sont les secteurs nouveaux et "intéressants" du génie climatique ?
Il faut bien se rendre compte que les niches d'activité - si elles existent - ne peuvent pas être, chacune, d'un volume suffisant pour satisfaire la totalité des intervenants du génie climatique. Il ne peut s'agir que des niches ponctuelles, avec une conclusion simple : à chacun de choisir ce qui lui convient le mieux. Cette restriction fait que je n'établirai pas ici la liste explicite des "niches" éventuelles. Mais si vous lisez périodiquement cette lettre (consacrée aux problèmes actuels) vous y trouverez peut-être l'idée ou les idées que vous cherchez.
De nombreux interlocuteurs me posent également cette question : quel est l'avenir de telle ou telle profession du génie climatique ?
Mon "expérience" est assez désastreuse sur ce sujet.
Quand ma réponse est optimiste elle n'est pas crue. Quand elle est pessimiste
elle ne l'est pas davantage. Je vous propose donc d'abandonner, au moins pour
un moment, le cadre franco-français en nous repliant sur un exemple britannique.
Voyons quel est cet exemple, et quelle en est la portée :
C'est simplement le contenu du discours prononcé par le nouveau président de l'association britannique des ingénieurs d'équipement technique (CIBSE), en grande partie l'équivalent de ce qu'est l'AICVF en France. Cette déclaration du nouveau président (Terry Wyatt) vaut surtout pour l'ingénierie, mais ne manque pas d'analogie avec ce qu'il est facile de constater dans notre pays. L'essentiel du discours britannique le voici : si nous ne saisissons pas aujourd'hui les chances qui nous sont encore offertes, de nombreux métiers du génie climatique disparaîtront d'ici à 2020.
L'origine d'un tel pessimisme tient dans une première remarque :
"Pourquoi utiliser un
ingénieur-conseil quand un installateur peut calculer les charges, et
un fabricant de matériel finir le projet", tels sont les termes
essentiels du discours auquel je fais allusion. Les raisons de cette évolution,
telle qu'elle est décrite, en sont les suivantes :
- le rôle croissant des logiciels qui "font à eux seuls tout
le travail de conception",
- le niveau trop faible des honoraires d'ingénierie.
L'origine d'un tel pessimisme tient dans une seconde remarque :
l'invasion des méthodes américaines et japonaises récentes de réduction des coûts, combinant le recours à des conceptions informatiques complètement intégrées à l'appel aux constructions industrialisées hors chantiers. Le nouveau président du CIBSE, Terry Wyatt, ne mâche pas ses mots : "Croyez-moi, c'est déjà en train de se produire" (Believe me, this is already happening).
N'est-il pas normal de se demander ce qu'on peut faire face à ce risque ?
Terry Wyatt s'adresse surtout aux consultants et aux fabricants, et leur propose d'accélérer les recherches et développements, en restant ouvert face aux nouveaux défis de la qualité des ambiances et de la maîtrise du développement durable. J'avoue n'être pas totalement convaincu par ces conseils qui sont probablement, même s'ils sont valables, "un peu courts". L'évolution mondiale du bâtiment vers les conceptions fortement informatisées et vers les systèmes constructifs fortement industrialisés n'est peut-être pas fatale, encore faut-il y faire très attention car plusieurs facteurs confortent cette évolution. Un premier exemple parmi d'autres : celui de l'énergie où les efforts actuels privilégient très fortement les vues globales. Un second exemple : le nombre probablement excessif d'intervenants dans les actes de bâtir.
II est alors normal de se poser la question de savoir s'il existe d'autres
risques de régression de certaines professions. Ce sont ces risques auxquels
il faudra répondre.
Ce sont eux que la présente lettre voudrait
vous faire mieux connaître, éventuellement mieux apprécier,
et surtout mieux maîtriser.
Roger CADIERGUES
Dans notre prochaine lettre (n°3), nous reviendrons sur la nouvelle
directive européenne relative à l'énergie, sur les contrôles
qu'elle prévoit, et sur les difficultés que vont rencontrer ces
contrôles.
Dans la lettre suivante (n° 4), nous reviendrons également
sur cette directive, à propos de la certification, avec un point de vue
un peu moins optimiste que celui des milieux officiels.