Par Philippe Nunes – Directeur Général d’Xpair et Directeur d’EnerJ-meeting
Construire et rénover le bâtiment 2020 Ready 2050, ou prêt pour 2050, ou compatible pour 2050, telle est la thématique de la 4ème Journée de l'Efficacité Energétique et Environnementale du Bâtiment « EnerJ-meeting » Paris, qui a eu lieu le jeudi 6 février au Palais Brongniart et qui a accueilli plus de 2 300 décideurs et prescripteurs du bâtiment.
Philippe Nunes - Directeur d’Ener-meeting
Ce rendez-vous est important chaque année car il scelle un point réglementaire et de tendances pour les prescripteurs et décideurs du bâtiment. L’année 2020 qui débute va être marquée par la nouvelle réglementation environnementale RE 2020 qui, avec sa dimension carbone, nous entraînera inévitablement vers une nouvelle façon de penser, de concevoir et de rénover les bâtiments, d’une manière plus durable et plus sensée.
Les enjeux économiques et écologiques pour notre filière et pour notre planète sont plus que jamais importants, nous sommes sans doute dans un démarrage stratégique pour réussir la neutralité carbone en 2050 et il ne nous reste que 30 ans !
Voici en exclusivité pour les lecteurs d’XPAIR, le fameux Manifeste EnerJ-meeting Paris 2020 sous format électronique e-book en accès libre.
Téléchargez le Manifeste « Construire et Rénover le bâtiment 2020 Ready 2050 »
Pour vous donner envie de lire et de partager ce Manifeste à vos réseaux tant en interne qu’en externe, voici quelques pépites d’intervention que nous avons identifiées.
En bonus, cher(s) lecteurs d’Xpair, vous pourrez apprécier également certaines interventions filmées dans nos prochaines colonnes.
Pépite 1 : « …2050 c’est demain » par Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du Groupe I du GIEC
Les trois rapports spéciaux du GIEC de 2018 et 2019 soulignent l’importance d’une action rapide, ambitieuse, coordonnée et tenace.
Le réchauffement climatique, dû à nos rejets de gaz à effet de serre, atteint aujourd’hui 1°C de plus qu’en 1850-1900 et laisse son empreinte partout, du sommet des montagnes au fond des océans. Au rythme actuel de réchauffement, 0,2°C par décennie, il atteindra 1,5°C entre environ 2030 et 2050.
Chaque demi-degré compte en termes d'impacts et de risques futurs. Pour la préservation des écosystèmes marins et terrestres, pour la santé, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, l'approvisionnement en eau, la sécurité humaine et la croissance économique, il y a des bénéfices évidents à limiter le réchauffement de la planète.
Les risques sont disproportionnellement plus élevés dans certaines régions. Limiter le réchauffement à 1,5°C plutôt que 2°C permettrait d'éviter d'exposer plusieurs centaines de millions de personnes, susceptibles de basculer dans la pauvreté, aux risques liés au climat. Des efforts majeurs d'adaptation sont nécessaires pour gérer les risques.
Avec plus de 40 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année dans l'atmosphère, chaque année compte. En raison de l'effet cumulatif du CO2, la stabilisation du réchauffement climatique ne peut être obtenue qu'en réduisant fortement les émissions et en atteignant le plus rapidement possible la neutralité carbone. Cela implique également de réduire l'effet net sur le climat d'autres émissions qui sont également à l'origine de la pollution atmosphérique, ce qui améliorerait la qualité de l'air. Le niveau d'ambition actuel de réduire lentement le taux des émissions de gaz à effet de serre conduirait à un réchauffement de la planète de plus de 3°C d'ici 2100. Limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C impliquerait de réduire les émissions de CO2 de 25% d'ici 2030 et d'atteindre un taux net zéro d'ici 2070. Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C impliquerait de réduire les émissions de CO2 de 50% d'ici 2030 et d'atteindre un niveau net zéro d'ici 2050.
Cela nécessiterait des transitons rapides, profondes, et sans précédent dans les systèmes énergétiques, l'utilisation des terres, les systèmes urbains, industriels et les infrastructures, en utilisant toute une palette de technologies et de changements de comportement : innovation technologique, sociale et frugale.
Chaque choix compte. En explorant l'intersection entre les impacts des changements climatiques, les optons d'adaptation, les optons d'atténuation et les objectifs de développement durable, il est possible de concevoir des transitons éthiques, justes et équitables, protégeant les plus vulnérables et la biodiversité. Les bénéfices les plus importants sont obtenus en maîtrisant la demande d'énergie, la consommation de matériaux non renouvelables et la pression sur les terres.
Pépite 2 : Frugalité énergétique, écoquartier des Noés à Val de Reuil, par Philippe Madec, architecte urbaniste
Malgré de grandes ambitions initiales, la ville nouvelle de Val-de-Reuil peinait à éclore pour nombre de raisons dont la fin des Trente Glorieuses. Aujourd’hui sur 4,9 hectares, l’écoquartier horticole des Noés transforme sa réalité, participe à la réhabilitation de son image, accompagne le grand travail mené par la municipalité et l’ANRU. Autour de trois hameaux, le programme regroupe 98 logements sociaux passifs individuels, intermédiaires et collectifs - en location et en accession - et des équipements (crèche passive et cuisine municipales, halle publique et chaufferie urbaine au bois local).
Fort d’une inondabilité positive du site, l’implantation du bâti privilégie l’orientation nord-sud dans la continuité de la trame existante du hameau voisin de Léry. Un parc des berges de l’Eure offre aux habitants des jardins familiaux et un abri pour les animaux.
Le reste des terres est alloué à des activités maraîchères, sur trois zones pour une pluralité des cultures. Des noues est et ouest récupèrent des eaux pluviales et prennent en charge les crues de l’Eure. Ainsi est enrichie la biodiversité tandis qu’est installé un riche paysage humide, souligné par les nombreuses allées de ce quartier piétonnier. Une pédibus avec âne, un azinobus, accompagne les enfants à l’école. Le projet se poursuit par la réhabilitation écologique et énergétique du hameau voisin de l’Andelle, un lotissement de 90 maisons Phénix.
Le projet a été primé :
- 2012, OFF du DD, lauréat catégorie « Vision Urbaine » ;
- 2015, Grand Prix d’aménagement, repère d’Argent ;
- 2016, Label EcoQuartier niveau 3 ;
- 2016, One Planet Living du WWF ;
- 2017, Grand Prix de la Ville Durable des Green Solutions Awards ;
- 2018, Equerre d’argent du Moniteur, lauréat catégorie « Aménagement urbain et paysager » ;
- 2018, Victoire d’or du paysage, lauréat dans la catégorie « Aménagement urbain logements sociaux ».
Frugalité énergétique et écoquartier des Noés à Val-de-Reuil par Philippe MADEC
Pépite 3 : Atlantech, premier quartier bas Carbone, par Christophe Philipponneau, Directeur général, Atlantech
Quartier entièrement conçu et exploité bas carbone, Atlantech s’articule sur un parc de 27 hectares, mêlant habitants, activités, recherche et innovation. L’approche quartier de l’autoconsommation collective est un élément de réponse de la transition énergétique, et plus particulièrement le quartier Atlantech qui assemble les conditions de réussite. En effet, il réunit différents usages : le foisonnement y apporte de forts gains. De plus, le cahier des charges d’aménagement permet d’assurer la forte performance énergétique des bâtiments. Enfin, la mobilité permet également d’apporter une flexibilité intéressante. Ainsi, la Communauté d’Agglomération de La Rochelle (CDA), Soregies et l’association Atlantech s’associent pour construire la 1ère boucle d’autoconsommation collective à l’échelle d’un quartier : la boucle énergétique Atlantech.
Nous construisons un nouveau service énergétique, en se basant sur ces éléments clés :
• Modèle global d’énergie conçu pour être multi-échelles au fur et à mesure que les programmes de solarisation s’amplifieront sur un quartier
• Gestion intégrée à l’échelle d’un quartier bas carbone de l’énergie et mise en place d’une stratégie de pilotage
• Production d’hydrogène à des fins d’usage mobilité
Le projet de boucle énergétique a été construit en 2016. Les études, pilotées par Atlantech, accompagnées par l’ADEME, le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et la CDA, ont permis de construire et concrétiser le service énergétique du quartier.
Pépite 4 : Mille Arbres, un projet de mixité et de biodiversité par Marie de France, Architecte et Directrice de l’atelier Sou Fujimoto France
Projet lauréat d’un des plus prestigieux sites du concours international « Réinventer Paris » (Site de Pershing, Paris, 17ème) organisé par la Mairie de Paris entre 2014 et 2016.
Mille Arbres, c’est la création d’une nouvelle vision, d’une nouvelle façon d’habiter. En s’inspirant du tissu urbain typique de Paris, et notamment de ses immeubles haussmanniens, nous proposons un projet dont les logements sont situés dans les hauteurs et dont le sol est dégagé pour y créer un parc urbain. À l’heure où les hommes veulent construire des tours de 1 000 mètres, nous proposons de planter 1 000 arbres au-dessus du boulevard périphérique pour symboliser un autre modèle de développement, qui vise à rendre la ville plus solidaire, attentive et respectueuse de son environnement.
Mille Arbres est un modèle de développement durable, une prouesse architecturale, le symbole de la réconciliation entre nature et architecture et de ce que pourrait être le périphérique de demain : un berceau de la biodiversité créant du lien entre Paris et sa banlieue, entre Paris et le Grand Paris, un territoire enfin réuni.
Mille Arbres, c’est un parc ! Accessible au public, dédié à la promenade et à la rencontre et accueillant un pôle enfance, il est traversé par une rue gourmande jalonnée de restaurants, qui relie Paris à Neuilly-sur-Seine. Mille Arbres propose ainsi de reconnecter l’homme à la nature et s’inscrit dans une logique de biophilie.
Au milieu du parc s’élève un immeuble-ville à la morphologie singulière, affiné du toit vers le sol, où seront mixées les fonctions urbaines. Ses volumes en suspension, traversés de patios laissant circuler la lumière naturelle, accueillent un véritable écosystème urbain : bureaux panoramiques, un hôtel et des logements dans les derniers niveaux. Le bâtiment est surplombé d’un vaste parc, refuge de la faune et de la flore locales, hébergeant un village de maisons.
Projet Mille Arbres pour reconnecter l’homme à la nature. Atelier Sou Fujimoto Paris
Source © Sou Fujimoto Architects + Manal Rachdi OXO Architectes + Compagnie de Phalsbourg + OGIC + MORPH
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Par Philippe Nunes – Directeur Général d’Xpair et Directeur d’EnerJ-meeting
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