Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Dans notre dernière lettre nous avons abordé le problème du développement des pompes à chaleur en Europe et en France. Quels sont les types de pompes à chaleur concernés, et quelles sont les pièges éventuels à éviter, c'est ce que nous allons tenter d'éclaircir.
A quoi est due cette croissance des PAC, et pourquoi est-elle différente selon les produits ?
On s'étonne beaucoup du développement actuel de ces équipements en France : c'est - à mon avis - la conséquence de quatre situations particulières à notre pays. Premier élément (trop souvent oublié dans les comparaisons publiées ici ou là) : le prix de l'électricité en France (nettement inférieur à celui des pays voisins). Deuxième élément : des conditions climatiques modérées rendant les systèmes air/eau très défendables, alors que dans certains pays (plus froids) les pompes à chaleur sur le sol sont privilégiées. Troisième élément : un grand nombre d'installations classiques de chauffage vieillissantes, qu'il faut plus ou moins remplacer, surtout les générateurs utilisant des combustibles de plus en plus coûteux, Et, enfin, quatrième élément : des subventions non négligeables.
Cette croissance n'est-elle pas temporaire ?
Le parc à retoucher reste encore très important. De plus le neuf est un très bon récepteur. D'autant que les pompes à chaleur de récupération sur l'air extrait, et celles de production d'eau chaude sanitaire n'ont pas encore décollé dans ce pays. Restent les incertitudes sur les subventions, quel que soit le titre qu'on leur donne.
Cette croissance n'est-elle pas, également, un peu dangereuse ?
Sans aucun doute, et c'est la raison de la charte qualité de l'AFPAC qui s'appuie sur la marque NF PAC pour les matériels, et sur la charte QualiPAC pour les installateurs. Ceci dit, il est bien certain qu'en dehors de ces qualifications essentielles (et fort bien venues), deux "pièges" valent d'être examinés, car ils sont trop souvent passés sous silence.
Quels sont donc ces pièges ?
Un "piège" thermique et un "piège" électrique. Prenons d'abord le premier, le piège thermique. L'efficacité énergétique des PAC est d'autant meilleure que la température de fluide chauffant (l'eau en France) est faible. De ce fait, avant d'installer une pompe à chaleur en remplacement de chaudière il faut revoir l'installation de chauffage de façon à ce qu'elle fonctionne à basse température. Ce qui est souvent facile, parfois dans de très grandes proportions, en améliorant l'isolation des bâtiments, (souvent possible à assez faible coût : combles, fenêtres, etc ...). C'est également possible en révisant le mode de fonctionnement du système de chauffage et de sa régulation, de façon à fonctionner le plus souvent possible à basse température. Ce sont deux conditions essentielles pour bien profiter des pompes à chaleur : il ne suffit pas d'installer ces appareils sans prendre quelques précautions.
Vous parliez également d'un aspect électrique ?
C'est un aspect plus délicat, mais qui souligne bien ce que doit être un installateur de PAC : à la fois un chauffagiste (voir plus haut) et un électricien. Pourquoi ce dernier, c'est ce que nous allons sommairement voir. Le raccordement d'une PAC monophasée d'assez forte puissance est le premier défi à vaincre dans les installations individuelles. Dans ce cas c'est la norme NF C 15-100 qui est en cause, spécifiant l'intensité maximale au démarrage du moteur (45 A), la même norme spécifiant d'ailleurs qu'on ne devrait pas raccorder directement (en monophasé 230 V) une puissance supérieure à 1,4 kilowatts. Il est, certes, possible d'installer une PAC de quelques kilowatts (disons 4 maximum) si cette PAC est équipée d'un dispositif de limitation d'intensité au démarrage. Bien entendu, il est également possible d'aller plus loin avec des PAC fonctionnant sur courant triphasé, mais sous réserve de disposer du branchement adéquat. Tout ceci veut dire que, contrairement à une opinion trop souvent sous-entendue, le problème du branchement électrique n'est pas secondaire.
Quels sont donc, finalement, les conseils à respecter ?
Ceux que je viens d'indiquer : ne pas installer de pompes à chaleur sans prendre quelques précautions thermiques et électriques. Ceci dit, je ne suis pas très sûr qu'en France nous placions convenablement l'intérêt des pompes à chaleur. Et ce par suite d'une imperfection fondamentale de notre réglementation, la RT 2005 pour l'essentiel. C'est ce que nous verrons la semaine prochaine.
Roger CADIERGUES