Par Anne-Sophie SEGUIS - Responsable Efficacité Energétique Résidentiel – Cegibat
La directive Eco-conception – Exigences et impacts
La directive Éco-conception 2009/125/CE (également appelée Eco-design) adresse un grand nombre de produits consommant de l’énergie ou liés à l’énergie, regroupés en lots (plusieurs dizaines).
Le lot 1 porte sur les systèmes de chauffage centralisé, (chaudières, systèmes solaires combinés, pompes à chaleur, cogénération), d’une puissance thermique inférieure ou égale à 400 kW.
Le lot 2 porte sur les appareils de production d’eau chaude sanitaire de moins de 2000 litres.
Les règlements d’application qui concernent les lots 1 et 2 entrent en application à partir du 26 septembre 2015. Ils visent à éliminer du marché les produits ayant une incidence significative sur la consommation d’énergie et les émissions atmosphériques.
1.1 - Les exigences du lot 1
Il y a 3 échéances (26 septembre 2015, 26 septembre 2017, 26 septembre 2018) et 4 exigences (rendement saisonnier, émissions de NOx, bruit, informations aux consommateurs) sont fixées.
Celles-ci vont se mettre en œuvre dès 2015 et progressivement jusqu’en 2018.
Les exigences de rendement seront progressivement renforcées dès 2017 pour tous les systèmes de chauffage centralisé hors chaudières à combustible et celles concernant les NOx n’entreront en vigueur qu’à partir de 2018 pour tous les types d’équipement.
Les chaudières de type B1 (chaudières non étanches équipées d’un coupe tirage) bénéficient d’une exception sur le seuil de rendement saisonnier à respecter (compte-tenu des problématiques liées à l’évacuation des produits de combustion).
Date d’entrée en vigueur Exigences |
A partir du 26/09/2015 |
A partir du 26/09/2017 |
A partir du 26/09/2018 |
Rendements saisonniers |
OUI * |
Renforcement des exigences ** |
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Emissions NOx |
|
|
OUI |
Bruits (uniquement pour les systèmes pompe à chaleur) |
OUI |
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|
Informations sur les produits |
OUI |
|
|
Figure 1: Exigences et échéances pour le lot 1
* : pour les chaudières à combustible de puissance thermique nominale inférieure à 400 kW, pour les chaudières électriques, pour les dispositifs de chauffage par cogénération, pour les pompes à chaleur à l’exception des pompes à chaleur basse température
** : pour les chaudières électriques, les dispositifs de chauffage par cogénération, les pompes à chaleur.
1.2 - Impacts pour les appareils gaz domestiques
Pour les appareils gaz domestiques (puissance inférieure à 70 kW), les exigences majeures à respecter portent sur les valeurs :
- de rendement saisonnier
- d’émissions de NOx
|
A partir du 26/09/2015 |
A partir du 26/09/2018 s’ajoutent les exigences suivantes : |
Toute chaudière |
- Rendement saisonnier ≥ 86% |
- Emission de NOx ≤ 56 mg/kWh |
Cas particulier des chaudières B1 |
- Rendement saisonnier ≥ 75% |
- Emission de NOx ≤ 56 mg/kWh |
1.3 - Impact pour l’offre de chaudière (sauf cas particulier des B1)
Les chaudières à condensation (dont le rendement saisonnier se situe entre 89% et 94% selon les modèles, respectent l’exigence de rendement défini par le règlement à partir de septembre 2015.
- Présentant actuellement des rendements inférieurs à 86%, l’offre actuelle de chaudière basse température du marché français ne pourra plus être mise à la vente à partir du 26/09/2015.
Cas spécifique des chaudières B1
Les chaudières de type B1 ayant une puissance thermique nominale ≤ 10 kW pour les chaudières simple service et ≤ 30 kW pour les chaudières double service (chaudières non étanches équipées d’un coupe tirage) bénéficient d’une exception sur le seuil de rendement saisonnier.
Fixée à 75%, cette exigence rend possible l’installation des chaudières B1, dès lors que leur rendement nominal respecte l’exigence. C’est le cas de certaines chaudières gaz standard disponibles actuellement sur le marché français (rendements annoncés sur la base ATITA).
La directive souhaite encourager l’utilisation de ce produit uniquement dans le cas de conduits collectifs, configuration dans laquelle les solutions de rénovation disponibles actuellement ne permettent pas toujours l’installation de système à condensation. C’est pourquoi elle impose à partir du 26 septembre 2015, que soit noté dans les manuels à l’intention des installateurs et des utilisateurs que les chaudières de type B1 sont « conçues pour être raccordées uniquement à un conduit commun à plusieurs logements d’un bâtiment existant », et que leur utilisation dans d’autres conditions « doit être évitée ».
- A partir du 26 Septembre 2018, les chaudières de type B1 devront elles aussi respecter l’exigence sur les NOx. A ce jour, aucune chaudière B1 présente sur le marché français ne respecte l’exigence. Néanmoins, les chaudières « Bas NOx » vendues notamment sur le marché allemand, respectent cette exigence.
La problématique d’évacuation des produits de combustion en rénovation
Lors de rénovation/remplacement d’appareils gaz raccordés sur conduit maçonné ou VMC gaz, les conduits d’évacuation des produits de combustion ne sont pas, pour la plupart, compatibles avec les fumées de ces appareils, qui, du fait de la faible température de leur fumée, présentent un risque fort de condenser dans le conduit de fumée.
Ainsi, la réglementation interdit de raccorder une chaudière basse température ou condensation sur un conduit maçonné (arrêté du 02/08/1977 faisant référence au DTU 24.1).
En VMC gaz, (selon la norme NF DTU 68.3 P1-1-2), seules les chaudières VMC gaz (B13) standard ou basse température sont autorisées. La solution chaudière condensation sur VMC gaz nécessiterait un agrément ministériel, pas à l’étude actuellement.
Les anciennes chaudières à coupe tirage servaient à la ventilation du local dans lequel elles étaient installées dès lors que le coupe tirage se situait à plus de 2,80 m de haut. Or, les chaudières à condensation ne permettent plus d’assurer la ventilation du local dans lequel elles sont installées.
Dans le cas du remplacement de ce type d’appareil, il faudra donc veiller à conserver la fonction de ventilation par un autre système.
La rénovation d’appareils individuels gaz par des appareils à condensation, nécessite donc la prise en compte de deux aspects clé : l’évacuation des produits de combustion en s’assurant de la compatibilité de la solution choisie avec la condensation et la ventilation, en veillant à la conserver notamment lorsque celle-ci était assurée par l’ancien appareil à gaz.
Les solutions de rénovation des appareils gaz individuels
3.1 - La rénovation des conduits individuels
Etat initial : Conduit individuel |
Etat rénové : Réno Conduit individuel |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 20 et 25% d’économie sur la facture de chauffage |
3.2 - La rénovation des conduits individuels mixtes :
Etat initial : Conduit individuel mixte |
Etat rénové : Réno Conduit individuel-Duo |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 15 et 20% d’économie sur la facture de chauffage |
3.3 - La rénovation des conduits Shunt
Etat initial : Conduit shunt |
Etat rénové : Réno Shunt |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 20 et 25% d’économie sur la facture de chauffage |
3.4 - La rénovation des conduits Shunt duo
Lorsque d’autres conduits shunt non utilisés sont présents dans le logement, la solution Réno-Shunt (présentée ci-dessus) peut être mise en œuvre. Un autre conduit shunt étant utilisé pour installer un système de ventilation pour les logements. Lorsque ce n’est pas possible, le recours à la solution Réno-Shunt duo est une option.
Etat initial : Conduit Shunt duo |
Etat rénové : Réno Shunt duo |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 30 et 35% d’économie sur la facture de chauffage |
3.5 - La rénovation des alvéoles techniques gaz (ATG)
Etat initial : ATG |
Etat rénové : Réno ATG |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 20 et 25% d’économie sur la facture de chauffage |
3.6 - La rénovation des VMC-gaz
Un premier pas vers la performance énergétique peut être atteint en couplant une chaudière basse-température avec des bouches de ventilation adaptées aux exigences minimales de la VMC-gaz (le débit de ventilation donné par la bouche est piloté via une information de la chaudière).
Figure 2 : Solution alternative de rénovation en VMC-gaz avec une chaudière basse-température
Des travaux de développement avec notamment la réalisation de plusieurs chantiers expérimentaux sont actuellement en cours, pour pouvoir réaliser la rénovation d’installations en VMC-gaz avec des appareils à condensation.
La solution de rénovation « Reno VMC gaz » consiste à réaliser un tubage d’un conduit compatible condensation au sein de l’ancien conduit de VMC gaz. Ce tubage permet l’évacuation des produits de combustion des chaudières condensation et la ventilation hygro-réglable se fait via l’espace annulaire. L’air comburant est amené par un conduit spécifique relié à l’extérieur du logement.
Cette solution est encore expérimentale et nécessite le dépôt d’un ATEX par chantier ; de plus elle est actuellement limitée à 5 niveaux.
Etat initial : VMC gaz |
Etat rénové : Réno VMC gaz |
Descriptif |
Descriptif |
Les gains générés : entre 20 et 25% d’économie sur la facture de chauffage |
3.7 - Récapitulatif des solutions de rénovation
Type de conduit |
Conduits individuels |
Conduits Shunt + conduit « Alsace » |
Alvéoles techniques |
VMC gaz |
||
Ventilation |
Sans ventilation |
Avec ventilation |
Sans ventilation |
Avec ventilation |
||
Année de construction |
1850-1930 |
1930-1950 |
1950-1970 |
1965-1980 |
>1980 |
|
Nombre d’appareils estimés |
2 600 000 en maison |
500 000 en maison |
500 000 |
50 000 |
780 000 |
|
Solution de rénovation |
OK |
OK |
OK |
OK |
OK |
OK |
Solution de rénovation par appareil |
OK |
OK |
NON |
NON |
NON |
NON |
(*)= changement de l’ensemble des appareils connectés à un même conduit.
Pour aller plus loin :
GrDF en partenariat avec le COSTIC, le CRIGEN et le CNPG a réalisé un guide spécifique dédié à l’évacuation des produits de combustion dans l’habitat et la mise en œuvre de générateurs à condensation.
Cliquez sur le visuel pour y accéder.
Par Anne-Sophie SEGUIS
Responsable Efficacité Energétique Résidentiel – Cegibat
SOURCES ET LIENS
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A quand la nouvelle couvée des pondeurs de directives qui ne justifient en rien le prétendu gain "de je ne sais quoi" de réel au regard des dépenses conséquentes ,parfois et souvent inappropriées aux revenus des foyers concernés.
Ces écervelés y ont -ils pensé ?.Ce n'est pas leur leur problème ,il est vrai.